Seul groupe narbonnais à porter la bannière du metal extrême sur nos terres, Ysun distille une musique puissante et complexe, difficile à comprendre pour certains, guerrière pour d’autres. Malgré l’aspect violent et parfois provoquant, on se rend vite compte que l’aspect « méchants vilains » n’est qu’une façade volontairement et habilement exposée lors des concerts. Ysun, c’est en fait cinq potes ayant décidés de faire la musique qui leur plait et qui savent accueillir chaleureusement. Les inviter à une soirée, c’est l’ambiance assurée.
Gaara : chant.
Stukov : batterie.
Jessy : guitare.
Romain : guitare.
David : basse.
Pouvez-vous me faire un petit récapitulatif du groupe ?
Romain : Historiquement parlant, je suis descendu de mon Nord Est Polonais natal et "j'ai rencontré sur myspace", comme on dit chez nous, Stukov dit Le Gros Barbare qui jouait apparemment un peu de batterie et voilà, c'est parti de là. On a fait des lol et des ptdr et puis, vu qu'il avait des petits copains comme Gaara, Dada et co, on a essayé de former un groupe un peu costaud. Au début, on est parti avec un guitariste nommé Jérémy mais suite à des divergences de point de vue, on a dû s'en séparer et donc Jessy a intégré la bande. Mais je sais plus quand...
Gaara : Un an.
Romain : Ah ben si c'est un an aujourd'hui bravo (tout le monde applaudit Jessy et le congratule) ! Donc on est formé depuis 2007 en gros.
Quelles sont les influences principales ?
Romain : Bernard Minet (rires).
David : Merde, j'allais la sortir.
Romain : On a des groupes tels que Rompeprop coté grind. Plus sérieusement, on écoute un peu de tout.
Stukov : Morbid Angel, Dying Fetus, Suffocation...
Romain : On écoute principalement du ricain. C'est pas super miraculeux, on ne va pas te sortir des influences que personne ne connait. Là dessus, on n’est pas originaux, c'est du gros death américain, un peu de deathcore, un peu de rnb. Du grind aussi, enfin des influences assez variés mais restons très brutal quand même !
Jessy : Du technique aussi.
Comment voyez-vous la scène extrême dans le Languedoc ?
Romain : C'est quand même beaucoup moins développé que dans le Nord, Nord-est, Allemagne, Belgique et tout. On reste encore assez en retrait mais il y a quand même une scène. C'est juste pas connu et reconnu.
Stukov : Supportez les groupes du coin, yo !
Gaara : C'est vrai qu’ici c'est moins metal extrême que dans le Nord.
Stukov : Ici c'est plus hardcore, deathcore, Meshuggah.
Romain : Ah ouais, cash mon gars.
Où sont les lieux principaux et peut-on y rentrer facilement ?
Stukov : Il y a Kick Ass.
Romain : Heureusement, il y a des assos dites extrêmes comme Snakebite Prod à Toulouse ou Kick Ass à Montpellier. Après on peut compter sur le soutient de Nosedungs asso qui font pas que du metal extrême mais qui ont envie de participer à la scène locale et de la développer. Ils nous ont fait jouer à maintes reprises et on les remercie pour ça.
Stukov : C'est tout à leur honneur (avec l'accent de Tony de Koh Lanta).
Romain : Gaara a fondé une association aussi...
Gaara : Disons que c'est plutôt une tentative qui a échoué parce que ça manquait de motivation. On était cinq groupes vraiment extrême et il y en a deux qui ont arrêté.
Stukov : C'est normal il y avait Max dedans (tollé général).
Gaara : Non, on n’est pas là pour jeter la pierre. Donc du coup on s'est rabattu sur Rock Inside à Béziers qui n'est pas une asso de metal extrême mais qui nous a quand même bien fait jouer. Vu que ça s'est bien passé avec eux, on ira leur filer un coup de main et eux, nous aiderons aussi en retour. Pour revenir à l'asso qu'on voulait faire, c'était le manque de motivation qui a pêché et...
Stukov : Le président n'avait pas le temps de gérer l'association.
Gaara : C'est du boulot.
Comment voyez-vous la scène musicale à Narbonne, tous styles confondus ?
Jessy : Sur Narbonne, il n'y a plus rien. C'est mort...
Gaara : Des styles comme le rap etc, on en entend pas trop parler parce qu'on s'y intéresse pas du tout donc on sait pas à quel point c'est développé. Après c'est plus rock à Narbonne. Je crois qu'il y a Lee Bee Do qui tourne pas mal…
Jessy : Les Funky Bread aussi.
Le fait de développer un style plutôt marginal ne vous ferme t’il pas la portes des gros évènements (centrés sur un public « large ») ?
Romain : Si bien entendu mais on en est tous un peu conscients. Après nous jouons avant tout ce que nous aimons. On ne va pas se forcer à faire de la musique dite "commerciale". Beaucoup de groupes ont déjà dit ça avant nous mais on se fait plaisir. On va se fermer des portes, c'est sûr mais pour des évènements comme la fête de la musique, c'est toujours compliqué d'intégrer un groupe de death metal. Dans une féria, encore plus (rires)! Mais c'est avant tout notre passion, on la développe, on en est content et même si on se ferme à des gros évènements, on reste fiers de notre musique. On continuera.
Gaara : Si on avait fait du rock, je pense qu'on aurait vite arrêté.
Y a-t-il un public à Narbonne amateur de metal extrême ou est-ce principalement des gens, des amis qui viennent pour passer un bon moment ?
Stukov : C'est souvent des amis mais de temps en temps, il y a un mec qu’on ne connait pas qui nous dit "eh ! Pas mal du tout !", "j'écoute du brutal aussi, continuez !". Par exemple, au Zap and Rock, il y a eu un type comme ça qui est venu nous voir.
Romain : Disons qu'on joue pour les copains mais on aimerait s'ouvrir un peu plus. Pour 2011, on va essayer d'évoluer, de faire quelque chose de conséquent. On ne veut pas être un groupe éphémère qui ne joue pas, qui ne sors rien. Donc on va tenter de sortir un deuxième EP, tourner en dehors de la région, développer notre style et se faire connaitre avant tout. On a envie d'être un peu plus connu et que ça soit sérieux. Effectivement, à la base, c'est des potes et on les remercie. Ce n’est pas non plus 300 000 personnes mais je sais qu'on a nos fidèles derrière.
Jessy : On va tenter de faire découvrir aussi ce style qui reste encore inconnu.
Tout pour le live ou le studio ?
Romain : Je pense qu'on est parti sur "tout pour le live" mais il va falloir rediriger ça vers le studio en 2011. Il faut qu'on se calle un peu plus sur ça. Le live c'est bien mais si t'as pas un bon EP studio derrière, tu ne bougeras pas du narbonnais. C'est grâce à ça qu'on pourrait évoluer. Le live reste quand même la finalité mais il faut qu'on évolue.
Comment composez-vous ?
Jessy : C'est au feeling. Il y en a un qui se ramène à la répète "tiens, j'ai trouvé ça" et puis après, on travaille dessus. Ca plait ou ça ne plait pas mais tout le monde y met son idée. On arrive à la répète avec un riff et tout part de là.
Romain : Niveau composition, j'arrive avec des morceaux déjà préconçus. Il y a des gars comme David et Jess qui colleront leurs idées dessus. La batterie, les parties rythmiques c'est Stuk qui gère même si des fois on lui dit où blaster. Dada va se caler ensuite sur lui. La composition c'est Jessy et moi. Jessy apporte beaucoup de nouveauté et surtout de la technique. Au niveau solo d'ailleurs, je pense qu'il va prendre le relais. Et enfin, niveau chant c'est Gaara qui va coller ses textes à la musique. C'est lui l'auteur principal des textes, on y touche pas. Mais attention, je ne suis pas non plus Nergal de Behemoth "vous faites ça, vous faites ça et vous fermez vos gueules !" (rires).
La technique et la vitesse sont étroitement liées dans le style que vous pratiquez, est-ce que, d’après vous, ça ne serait pas au détriment de la cohésion du groupe (on se fixe un point de départ et d’arrivée et chacun fait des solos dans son coin)?
Stukov : Je trouve qu'on s'écoute vachement par rapport à ça. On se parle beaucoup.
Romain : Disons qu'il faut rester cohérent sinon on va sortir une musique inaudible. Justement, vu que cette année, on va se préparer à du studio, la cohésion va de soi. On va bosser ça. Donc, oui on fait du grind et du death mais il ne faut pas non plus que ça soit la cacophonie.
Slaughter At Dusk est sorti en 2008 chez Homicide Humans Records, comment s’est faite la rencontre et en quoi consiste le deal ?
Gaara : C'est un ami à moi qui connaissait Yoan d'Homicide. Il m'a passé le contact, je lui ai envoyé la maquette et ça lui a plu. Il a donc décidé de nous rentrer dans son label. On était déjà passé en studio donc ce qu'il nous a proposé c'était le pressage et la distribution.
Romain : C'était deux choses qui nous intéressaient parce que vu qu'on avait déjà payé le studio, ça faisait un coût supplémentaire. Même si c'est pas un énorme label, il nous a sorti une bonne épine du pied et nous a distribué en Allemagne et en Hollande quand même. Il nous a tout avancé au niveau frais de distribution.
De quoi parlent les textes ?
Stukov : C'est varié !
Gaara : Ca parle de guerre souvent, un peu d'indien aussi et de serial killer.
Romain : Il n'y a pas réellement de fil conducteur. Gaara a une idée qui lui passe par la tête et paf, il écrit. Après je pense qu'il veut faire passer certains messages à l'interieur...enfin j'espère ! (rires) Je pense qu'il va quand même écrire des textes assez...
Stukov : True. (rires)
Romain : Non assez death ! C'est comme la musique, on n’invente rien mais on veut rester bien dans notre style.
C’est le premier enregistrement du groupe, a-t-il été dur ?
Romain : Ca a été une première expérience pour tout le groupe. Ca a été peut être un peu complexe de par le manque de temps.
Stukov : Oui, c'était vachement rapide.
Romain : Il y avait pas mal de petites choses que l'on a regrettées. Des choses qu'on avait pas travaillées, par exemple. J'ai dû reprendre la guitare rythmique sur pas mal de morceaux. Jess n'était pas encore là. C'est notre première démo donc c'est perfectible mais on ne regrette pas.
Quelle est l’actu d’Ysun et les projets en cours ou à venir ?
Romain : Comme j'ai dit : production studio pour 2011, changement de label peut être, démarchage pour des dates. 2010 a été un peu l'année dortoir du groupe dû à des empêchements de toutes sortes donc on va remédier à ça !
Stukov : On va bien composer aussi.
La kalachnikov, est-elle la meilleure arme ?
Gaara : Ah non c'est le M4.
Stukov : Bah non, la Kalachnikov c'est pour les trues, c'est pour les rebelles.
Gaara : Attends, on est américain ou l'est pas !
Romain : La Kalachnikov c'est l'arme de chez Lidl, c'est à la portée de tout le monde !
Stukov : Oui mais tu peux mettre du sable dessus, ça s'enraye jamais !
Un dernier mot ?
Romain : This is Ysun, this is Broken Balls mag !
Stukov : Bite.