Ged, c’est l’homme de l’ombre. Celui qui agit mais qui n’attend pas les lauriers. Celui qui y était quand le Big Bang n’avait pas encore retenti. Véritable icône dans le petit monde des fanzines et autres chroniques, nous nous devions de lui faire honneur dans le premier numéro. Amateurs d’humour acide et de rhétorique implacable, cette interview est pour vous. Ensuite vous aurez tous un poster à son effigie dans votre chambre. Nous, c’est déjà fait.
2A Route de Saint-Privat
34700 Saint-Jean de la Blaquière
FRANCE
www.church-ov-ze-dead.com (No MP3 reviews !!!!)
http://twitter.com/#!/GEDEATHYBELLS
Salut à toi, Ged. Arrête-moi si je me trompe. Tu es critique de groupes musicaux dans le Languedoc-Roussillon. Homme franc, pertinent à l'humour noir, on a l'impression que tes papiers ne trichent pas. Pourtant, sous ton physique dissuasif de près de 2 mètres se cache un cœur de poète de la musique. Peux-tu nous dire comment tu en es venu à écrire sur la musique ?
Ged : Hep. En fait je dirais plutôt que je suis critique dans tous (ou presque) les domaines de la culture, principalement underground. En effet tu trouveras un peu partout des chroniques de disques et de concerts, c'est vrai, mais aussi de nombreux livres, films, expos et caefuckingtera. Je ne peux pas non plus dire qui est franc, pertinent ou pas, je me limiterai à dire que j'essaie d'être honnête car il est difficile de parler de franchise dans un milieu où les artistes sont de véritables diablotins sans scrupules, l'un s'arrange pour jouer les riffs dont j'ai toujours rêvé, l'autre exécutera la sculpture idéale, le dessin ultime, d'autres s'amusent à placer à la batterie de très jolies donzelles, que dire si ce n'est que la vie n'est pas simple dans le journalisme de l'ombre. Sinon je crois savoir de quoi tu parles, le ton que j'utilise semble depuis le début rester le même, quitte à contrarier les égos de quelques créateurs du dimanche. Ceci étant dit je ne pourrais m'en foutre plus. Je laisse le physique de côté pour parler poésie, je pense que tu dois parler de la passion qui me consume et qui me fait parfois approcher de l'exaltation en parlant d'un groupe de grindcore guatémaltèque ou d'un illustrateur obscur des années 60. Depuis vingt ans pile, je collectionne, archive, critique, la musique que je me ruine à acheter nonobstant les avertissements de sémaphore de mon banquier. Les conversations au sujet du punk tchèque, des romans de Céline ou de la sculpture sur metal ont progressivement épuisé mes proches qui m'ont alors conseillé de composer des magazines pour les autres suppôts de Satan que je croisais lors des innombrables concerts auxquels je me rendais. En 1998, les investigations débutent et Dead Church Zine voit le jour. Le neuvième numéro vient de sortir (novembre 2010) sous la nouvelle appellation Dead Fucking Church M'aaagh après un hiatus de sept années. 666 copies numérotées avec une main qui tient un stylo, magazine pro, beau et dont le public metal / punk semble apprécier la teneur. Disponible.
J'ai pu lire ta plume dans le TAFEUR Megazine qui est un fanzine montpelliérain à l'esprit rock, distribué dans tout le sud de la France. Je sais que tu es aussi à l'origine de [sic] un microzine. Tu stockes tout dans cette armoire à CD pleine à craquer ? A combien évalues-tu le nombre de CD que tu as pu chroniquer depuis tes débuts? Et comment procèdes-tu?
Ged : Si je reçois effectivement pas mal de choses à critiquer, j'en achète toujours la majorité, je crache à la gueule d'une presse qui remplit ses tiroirs pour les vider chez les marchands d'occase sans même pondre deux lignes ou qui ne chroniquent que les œuvres envoyées par les annonceurs publicitaires, qu'ils crèvent. Les groupes et labels DIY se cassent le bol à envoyer des courriers, claquent du pognon qu'ils n'ont pas en échange d'un soutien souvent mérité. Je chronique TOUT ce que je reçois, mais que les imbéciles qui envoient des liens hell-ectroniques aillent mourir, et si possible de manière sale et méchante, la musique, comme une baffe dans la gueule, ne peut être virtuelle au point de ne plus représenter que des octets. FUCK OFF. Je ne sais pas trop pour le nombre, les chiffres et moi sommes un vieux couple assez instable, j'ai largement dépassé les 2000 chroniques de disques, plus de 500 bouquins, sans compter les diverses choses que je mets en ligne régulièrement. L'acte d'écoute n'a aucune règle, l'écriture chez moi se rapprocherait d'une démangeaison, je peux écrire vingt pages en une fois puis plus rien pendant une semaine. Le fait d'être cyclothymique n'arrange pas l'idée que l'on se fait de la régularité.
Peux-tu nous dire quels sont les autres projets auquels tu contribues ?
Ged : Je vais te répondre mécaniquement avec un liste car y en a quand même un peu.
Je suis l'éditeur de Dead Fucking Church M'aaagh, magazine metal / punk en gros (9 numéros), de L'Occis-Mort zine, un fanzine nawakultur'Hell barré (1 numéro), de la feuille Enclume !! (Nawak encore, 1 numéro), de [Sic] zine qui parle aussi musique mais moins extrême que sur DFC (quatre numéros).
Je suis celui qui tire les ficelles de deux sites: www.church-ov-ze-dead.com pour la musique et http://pwah.over-blog.com pour le reste (surtout livres, films et actu satirique).
Je contribue actuellement sur le Tafeur Mag (chroniques disques, 40000 copies distribuées) et C Le Mag (chroniques littéraires, 15000 copies).
J'ai participé aux derniers numéros des fanzines Tendance Négative et Coxerfly.
Les projets abandonnés pour cause de plein de choses: Papier Boul'vard Newsletter (3 numéros sur le livre en général), un site satirique national dirigé par un lâcheur / menteur / profiteur.
Pour finir j'apparais ce mois-ci dans une brochure Cultura qui a sélectionné un de mes articles pour un de leurs canards.
Je suis ouvert à toute collaboration, un mail à dementedged@yahoo.fr et on en discute.
Ton profil mystérieux nous interroge sur tes activités professionnelles... Te consacres-tu exclusivement à l'écriture ou t'adonnes-tu à une profession tout autre? (toiletteur, contrôleur fiscal ou agent secret?)
Je suis chargé de diffusion pour le groupe de ska / punk GOULAMAS'K dont je connais le chanteur Fred depuis 1994 (putain ça rajeunit qui ce genre de trucs hmmm ?!) et pour qui j'ai un grand respect. La persévérance mérite plus de médailles que le succès commercial à une époque où les réseaux sociaux tiennent lieu de médias et de juges, méditez là-dessus, arrivistes de tous poils ! On s'est croisés souvent sur la route du rock'n'roll et quand ils m'ont proposé de bosser pour eux j'ai accepté tout de suite. Je m'occupe de dégoter des dates mais aussi des moyens de diffuser, promouvoir le groupe au maximum. Et, très franchement, il mériterait une grande reconnaissance quand on voit les rigolos qui ont pris le train en marche alors que GK hante la garrigue depuis des lustres et réveille les morts avec ses cris de révoltes cuivrés. Mais je vois que la folie me reprend haaaaaaaaa !
Instinctivement, quel est le groupe local qui t'a le plus marqué et pourquoi?
J'aurai tendance à parler des SHERIFF, un incroyable groupe de scène que les imbéciles élevés à la soupe doivent méconnaître aujourd'hui. Je me revois slammer, pogoter comme un malade pendant les concerts du groupe que j'ai pas mal suivi dans la mesure de mes petits moyens de l'époque (en fait ils sont les mêmes aujourd'hui). Du rock'n'punk qui ne se prenait pas la tête et ne m'emmerdait pas la vie avec des messages souvent lourds et ampoulés. "A la chaleur des missiles" est un hymne, "Les deux doigts dans la prise" le meilleur live de punk français ex aequo avec le "Repression live" de TRUST. Pourvu qu'ils ne se reforment jamais comme toutes ces vieilles gloires bedonnantes qui reviennent fouler les scènes au détriment d'un public qui croit souvent que le temps n'efface rien.
As-tu une anecdote à nous raconter après avoir fait une chronique péjorative sur un groupe? (on veut du sang, de l'action!)
Si par péjorative tu entends insultante ou moqueuse, quelques clampins à qui j'ai rappelé les règles de bienséance m'ont quelquefois menacé des pires tortures du grand Torquemada. Je les attends encore. Message à caractère informatif puisqu'au fond à gauche je vois des gens qui le demandent et rendent ainsi un fier service à ton futur zine, celui de devenir pédagogique: quelles sont donc ces fameuses règles ? Quand on envoie à un média, quel qu'il soit, petit ou grand, en particulier les magazines PAPIER qui représentent la seule VRAIE presse des warriors, on fait l'effort de joindre au support (CD, Cassette, oui ça existe encore et c'est même la classe) une petite bio, un logo, une photo des têtes de nœuds du groupe et pourquoi pas les textes quand ils ne sont pas écrits avec les pieds. Une bonne chronique motive le groupe, un produit RESPECTÉ donne envie au chroniqueur de faire son boulot. Après, c'est vous qui voyez. Mais si c'est chez moi que vous comptez envoyer vos détritus, économisez un timbre, un CD gravé pourri sans même une lettre de présentation mérite le mépris. Si ton art n'a aucune importance pour toi pourquoi en aurait-il pour moi ?
Et pour finir, si tu devais conseiller quelque chose aux groupes rock qui débutent ?
Ben tiens, tu viens de le lire. Pour la peine je profite de ce message pour saluer les gens de l'Aude là, les crottes de pif, les guerrières de la mort qui dézingue (Anaïs et Orianééééé, Azil l'oeil mécanique de charme et celles dont je ne connais, pardon, pas le prénom), les groupes affiliés en particulier les petites raclures de CAPTAIN STARK, les gens qui se bougent la raie, et que j'oublie parce que, c'est comme ça, c'est marqué sur ma gueule, je m'en tamponne le coquillard, t'as qu'à mettre ton nom ici: ......................
Un grand merci à toi Ged et à bientôt au détour d'un live report. Avant de nous virer de chez toi, rappelle-nous où et comment on peut te lire? T'écrire?
Je n'en ferai rien, merci à toi, je vous t'en prie puisque c'est comme ça. Ma grande, j'ai subrepticement émaillé ce questionnaire inquisiteur de contacts (mail, sites), pour ceux de la vieille école, donc les VRAIS, ils peuvent m'envoyer un courrier à Guillaume Dumazer, 2A, Route de Saint-Privat 34700 Saint-Jean de la Blaquière. J'ai tendance à être un relais efficace en ce qui concerne les tournées, les expos, j'organise moi-même ce genre de choses dans le Centre Hérault, piche con, envoyez des flyers, faites tourner les infos, lisez les zines do it yourself, bougez-vous ou crevez, si possible dans une grande flaque de tripaille.
Chloé