En cinq ans, Grip a réussi une évolution flagrante dans un méandre de styles que seuls ses quatre membres arrivaient à suivre. Partis pour faire du pop punk rock au début par le biais de démos, le premier album (2008) enclenchait un tournant vers un « power pop délirium » (dixit Chloé, la batteuse), sorte de mélange entre punk rock, rock et grunge. Deux tournées, des tremplins et un nouveau bassiste plus tard, l’année 2010 fût marquée par deux moments importants dans l’histoire du groupe : le dernier concert au Zap and Rock et la sortie de Running with scissors. Composé de titres composés il y a déjà deux ans, l’album présente l’aboutissement d’une recherche d’identité entreprise en 2005. La griffe Grip est (enfin) là et cet EP 11 titres est placé sous le signe de la maturité. Le son colle parfaitement au groupe et à l’ambiance des compos. Mêlant passages pêchus (Recess), d’autres plus intimistes (Fallers) et des clins d’œil à des styles (soi-disant) éloignés comme le hip hop (Role Play), le quatuor nous embarque dans son univers et on y prend vite goût au vu de la maîtrise dans la composition des morceaux et des instruments (exit les parties alambiquées en 7/3 et les breaks inutiles). Le groove est là et l’arrivée d’Yvo (Une Rose pour Emilie, Sampler Ruthless…) n’y est pas pour rien. Mention spéciale à l’arrangement et au son fait par Angel, cinquième membre du groupe, qui a su trouver les petits plus (effets, tempos, chœurs etc.) pour rendre cet album passant tout seul, comme une lettre à la Poste (!). C’est donc en toute logique que le dernier concert a été à l’image de Running with scissors : puissant mais intimiste, professionnel mais chaleureux avec un feu d’artifice en prime (ça, c’était leur coté Rammstein). Seul hic, c’est fini et c’est bien dommage…
Etienne
