Furaya "Virescit vulnere virius" (Fury Hip hop Hardcore/Id Records)

Formation la plus ancienne dans le paysage rock couillu narbonnais, Furaya ne sera bientôt plus. Avec ces derniers de l’ancienne scène (début des années 2000 jusqu’à aujourd’hui), c’est une page qui se tourne et personne ne pourra dire le contraire, détracteurs ou amateurs du groupe. Sorti en 2009, l’album eût auparavant son lot d’embuches avec un réenregistrement complet chez Pierrot Leberrigaud à Perpignan connu pour son boulot avec Kargol’s et Electro Octopus Orchestra. Logiquement, le son est très léché et pro. Tout se distingue à merveille, que ce soit les instruments, les samples ou encore les paroles. En ce qu’il s’agit de la construction des morceaux, on constate un travail conséquent abattu, là aussi très professionnel voire même un peu trop car si l’on prend Amnésique, par exemple, je trouve que l’ancienne version plus rentre dedans est mieux en comparaison à celle-ci plus lourde. Quoi qu’il en soit, les chansons s’enchainent bien mêlant riffs entraînant (Encore la rage) et parties plus planantes (Les meilleurs des mondes). Les samples sont aussi très bien choisis, entre moments marrants (Viscerit, Virtus…) et d’autres moins (Vulnere, Plaza de mayo…) recentrant toujours sur le thème principal dans les paroles : l’engagement. Principalement à connotations politiques, les paroles sont scandées façon hip hop ou hurlées façon hardcore. À la lecture des textes, on sent l’envie d’en découdre, de dénoncer et de faire réagir les gens face aux inégalités sociales. Toute l’actualité nationale et mondiale est passée au crible et Furaya va même jusqu’à faire évoluer certaines anciennes chansons comme Lettre à Charles par exemple. Le très narbonnais Œil pour œil s’inscrit dans le même thème où le groupe règle ses comptes avec certaines personnes de notre chère ville. On l’aura donc compris, le quintet ne mâche pas ses mots et n’a pas peur de se positionner sur certains sujets sensibles (licenciements, crise boursière, délocalisation…). Certains diront qu’ils vont trop loin et qu’ils se répètent avec maintenant un peu moins de dix ans d’existence. D’autres souligneront la revendication affirmée, toujours proche de l’actualité, et l’appartenance à cette veine de groupes, dans la lignée d’un Rage Against The Machine, qui n’a pas froid aux yeux. D’un coté ou de l’autre, Furaya ne laisse pas indifférent et c’est peut-être ce qu’ils ont voulu. RIP.
Etienne