Labirinto & thisquietarmy "Split" (Post Rock, Ambient, Drone/Consouling Sounds, Dissenso Records, Pirate Ships Records)

Forcément, quand on réunit sur une même galette deux formations aussi talentueuses que reconnues, il est rarement difficile de trouver des défauts. Ici, le split présenté prouve à lui seul la qualité de composition musicale mais aussi d’ouverture d’esprit des protagonistes. D’un coté, Labirinto. Groupe (limite orchestre) de sept personnes n’ayant plus à faire valoir son titre de premier de la classe en matière de post rock psychédélique sud-américain (plus particulièrement brésilien). Les tournées internationales et le nombre de sorties à leur actif parle d’eux-mêmes. De l’autre coté, thisquietarmy laisse apparaitre une seule personne derrière la machine de guerre aux sonorités drone et ambient. Le Canadien ne démérite pas pour autant car nombreux sont ceux qui ont fait appel à lui (Aidan Baker, Monarch !, Year of No Light…) ou l’ont signé sur des labels à la qualité mainte fois reconnue (Denovali Records, Basses Frequences…).
C’est donc les yeux imbibés d’étoiles que la leçon commence avec Labirinto. Les musiciens orchestrent savamment les 3 morceaux qu’ils ont décidés d’interpréter de manière à raconter une histoire où nos émotions prennent une place importante, supplantant parfois même une écoute classique de la musique. Enregistrée au Canada en compagnie de thisquietarmy pendant une tournée, la partie du split revêt encore plus d’importance grâce à cette anecdote car l’aspect spontané rajoute encore plus d’intérêt à l’univers ici dépeint. Les Brésiliens réalisent donc un tour de magie en nous emportant pendant plus de 20 minutes et nous baladent sur un fil rouge allant crescendo et decrescendo afin de nous laisser par la suite avec le Canadien.
Car c’est après un court interlude séparant les deux formations que thisquietarmy attaque sa partie. Ici, point de rails ou d’histoire, l’ambiance dégagée invite l’auditeur à partir où il le souhaite, les nappes et autres atmosphères feront le reste. On assistera çà et là à des injections de rythmes quelque peu indus mais l’intérêt précis du musicien est de nous laisser notre libre arbitre, même sur Abandonment où les sonorités se font plus anxieuses et sérieuses. Cette partie révèle la qualité de ce one-man-band en terme d’effacement des barrières musicales et sensorielles ; il ne faudra donc pas s’attendre à une structuration et une écoute classiques d’un morceau.
Ce split a répondu à nos attentes quant à ces deux formations. Elles pourraient d’ailleurs trouver une place dans une compilation Falling Down tant l’expérimentation reste le maitre mot quelque soit l’approche et la face de la galette. Une aventure auditive à tester.
Etienne