Implanté en Suisse depuis 2010, The Fawn se décline plus
comme un collectif qu’un groupe à proprement parler. Car si on y trouve des
membres de Coilguns, The Ocean, Derrick, Shelving et Rectangle, la musique est
cependant mise au même plan que les concepts vidéo, infographique,
photographique et live qui s’articulent autour. Il aura donc fallu trois ans
aux Helvètes pour pondre « Collegium », leur premier album 12 titres,
dont trois uniquement téléchargeables après l’achat du format physique, surprenant
livret 22 pages A4 fait main à 300 exemplaires. Si l’on jette un œil attentif à
la quatrième de couverture, on s’aperçoit d’ailleurs que les instigateurs du
projet ont eu un coup de pouce de Hummus Records (Coilguns, Never Void, Kunz…),
le label montant, spécialisé dans les formats beaux, originaux et artisanaux. Aussi,
on retrouvera ces trois derniers adjectifs dans la musique que propose le
collectif car si on est ici tenté de parler de folk, de pop et de post rock, on
se risque à réduire la portée des ambiances et autres atmosphères instaurées
pendant un peu moins de 55 minutes. Assurément calme, furieusement ressourçant,
le modus operandi de The Fawn vise à nous assoir dans un nuage, un champ de
hautes herbes ou à nous laisser dériver sur une rivière ; la sérénité nous
envahit, nous love dans une couverture soyeuse et nous emmène loin, vers ce que
l’on décidera de plus doux. Dès la première note, la qualité des musiciens nous
fait comprendre que, même si le collectif comporte une dizaine de personnes, c’est
l’ensemble qui prime face à l’individu. Rien de trop n’est ajouté pour proposer
avec « Collegium », un album extrêmement bien équilibré et joué de
manière très délicate qui fera même fondre les fans de Coilguns. Maintenant, on
arrête de lire et on va écouter.
Etienne