Checkmate (Metal)

Après leur récente date au Trabendo mais surtout la sortie d' « Immanence » sous la houlette de Klonosphere, Checkmate a toutes les cartes en main pour s'assurer un futur radieux sur la scène metal française. Distillant une musique à la fois percutante et fine, les Parisiens savent où ils vont et ceux qu'ils veulent. Petite pause avec Fabien pour nous éclairer, entre autres, sur les objectifs et l'avenir du groupe.

Julien Lebon : Chant
Fabien Gagniere : Guitare, chant
Franklin Dumas : Guitare
Simon Cotier : Basse
Marc-Anthony Marchand : Batterie


1) Salut, « Immanence » est sorti il n’y a pas longtemps et on trouve déjà bon nombre de critiques élogieuses. Vous attendiez-vous à cet accueil ?

Fabien : Dire que l'on s'y attendait peut tout de suite paraître prétentieux, mais nous avions quand même le sentiment du travail bien fait et d'avoir accouché d'un album de qualité. Néanmoins, l'accueil du public et des médias est difficilement prévisible, c'est pourquoi tous les excellents retours que nous avons sur « Immanence » nous font extrêmement plaisir et sont même au-delà de nos espérances !

2) Vous avez enregistré l’album début 2011. La longue période entre le studio et la sortie (2013) était-elle prévue ? Avez-vous volontairement pris du temps pour ce premier effort ?

Fabien : En quelque sorte, oui. Après l'enregistrement de l'album, nous nous sommes posés comme question : qu'est-ce que l'on vaut réellement ? On s'est dit qu'avec tout l'investissement que nous avions mis dans cet album, nous voulions lui offrir la meilleure sortie possible et ne pas faire les choses dans la précipitation. C'est pourquoi nous avons choisi de partir sur les routes en 2012 : gagner en maturité, faire grossir notre CV et ainsi avoir plus de poids auprès des labels.

3) Cinq ans espacent votre premier EP à « Immanence ». Comment voyez-vous votre évolution ?

Fabien : Cette longue période nous a vraiment permis de prendre du recul sur notre musique. Nous avons vite su quelles étaient les couleurs et formules dont nous voulions nous séparer et celles que nous voulions développer et tout ceci a permis de poser les bases d' « Immanence ». Nous avons à la fois épuré mais aussi enrichi notre style. Oter le superflu et creuser le nécessaire, voilà le mot d'ordre que nous nous étions fixé.

4) Qu’écoutiez-vous lors de l’enregistrement d’ « Immanence » ?

Fabien : Sensiblement ce nous écoutons actuellement. Nous sommes de vrais fans de Lamb Of God, Opeth, Machine Head ou Gojira. Et en même temps nous écoutons aussi des groupes plus actuels comme Architects ou Emmure.

5) Beaucoup de personnes ont été étonnées par le changement de langue (du français à l’anglais) dans vos textes. Pourquoi ce choix ?

Fabien : C'est un choix musical. Nous adorons le français bien sûr, mais c'est aussi une langue très exigeante qui n'avait pas tout à fait la musicalité que nous recherchions pour cet album.

6) Vous avez signé avec Klonosphere pour ce premier album. Comment en êtes-vous arrivés là et qu’est ce qui a motivé votre choix ?

Fabien : Nous sommes vraiment fiers et heureux d'avoir signé chez Klonosphere, car c'est une vraie référence et un gage de travail bien fait. Cette signature n'était pas du tout acquise puisque Klono regorge d'excellents groupes, c'est pourquoi nous remercions Guillaume pour sa confiance.

7) Et en ce qui concerne l’enregistrement avec Guyom Pavesi ?

Fabien : Guyom est un ami de longue date, puisqu'il avait été assistant de Stéphane Buriez sur l'enregistrement de l'EP « D'or et D'acier ». Nous avions à cœur de travailler avec quelqu'un que nous connaissions, qui nous connaissait et qui comprenait notre démarche artistique. Il a fait un gros travail de production sur cet album et nous a poussés au-delà de nos limites lors de l'enregistrement. Seules les guitares ont été enregistrées par Lucas D'angelo (Betraying The Martyrs) et le mastering a été fait par le grand Alan Douches (Mastodon, The Dillinger Escape Plan, Whitechapel).

8) Lors de votre première partie de Coal Chamber, j’ai été surpris par le professionnalisme qui se dégage de votre set. Est-ce quelque chose que vous avez travaillé durement ou est-ce dû à l’expérience tirée de vos concerts précédents ?

Fabien : Les deux, évidemment. Nous avons travaillé et nous continuons de travailler durement notre set pour qu'il soit le plus abouti possible. Et bien sûr, enchaîner les concerts reste le meilleur exercice pour parfaire le live et offrir le meilleur show possible. C'est un aspect du groupe qui nous tient vraiment à cœur, car nous avons toujours été un groupe de scène et c'est certainement là que l'on se sent le mieux. Retranscrire l'énergie de l'album pour la transmettre à un public, c'est l'essence même d'un groupe.

9) D’ailleurs, Coal Chamber étant un des groupes phares du neo metal, comment voyez-vous ce style aujourd’hui ? En écoutiez-vous ?

Fabien : Nous sommes presque de purs enfants du neo puisque nous avons grandi entre autres avec des Slipknot, Korn, Limp Bizkit, Linkin Park et autres groupes du style. Évidemment, nous n'écoutions pas que ça, mais pour pas mal d'entre nous, avec une moyenne d'âge de 25 ans, nous étions pleinement dans cette période. Et comme toute période, elle a apporté son lot de bon et de moins bon. Les puristes s'en crevaient les tympans, les kids que nous étions voyaient en ces groupes un exutoire et surtout une porte ouverte sur ce style qui faisait peur à nos parents : le "Metal".

10) En tant que provincial, j’imagine toujours Paris comme le rendez-vous de multiples groupes tous aussi bons les uns que les autres en raison de l’énorme affluence culturelle. Comment arriver à sortir son épingle du jeu dans ces conditions ?

Fabien : Effectivement, Paris regorge d'excellents groupes comme The Prestige, Beyond The Dust, The Butcher's Rodeo ou Doyle. Il faut voir ça comme une chance et se dire que ça ne fait que tirer le niveau vers le haut. Cela nous pousse à nous dépasser et à offrir les meilleurs albums et lives que nous pouvons. Et le tout sans aucune compétition entre nous. Mais il y aussi beaucoup de groupes très talentueux dans le reste de la France, ce n'est pas une exclusivité parisienne.

11) Avec le très bon départ d’ « Immanence », projetez-vous de faire une tournée ?

Fabien : Oui, d'ailleurs beaucoup de dates sont en préparation à partir de septembre. Nous partons en tournée dans une grande partie de la France dès le 19 septembre en compagnie de Gravity, Karma Zero et In Arkadia. Et nous terminerons cette tournée par une grosse soirée Release Party le dimanche 6 octobre au Batofar. Bien sûr, beaucoup d'autres dates suivront cette tournée.

12) Plus généralement, comment vous prenez-vous pour booker des dates et vous organiser avec vos boulots/études/familles/etc. ?

Fabien : Actuellement, nous faisons tout par nous-mêmes. Nous avons la chance d'avoir des emplois qui nous permettent pour le moment de concilier le groupe et le boulot. Ce n'est pas toujours évident, cela demande énormément de temps mais c'est un mode de vie que nous avons choisi, parce que c'est que nous aimons par-dessus tout. Quant à nos familles, elles sont très compréhensives !



13) Aurais-je oublié une question ?

Fabien : À priori non, merci beaucoup pour cette interview et merci aux lecteurs de Broken Balls !

Etienne
Photos live par Anthony D.