Lorsqu’on parcourt la biographie de Dirty Shirt, force est de
constater que les Roumains n’ont pas lésiné sur les moyens et ce, dès le départ
de l’aventure en 1997. Après avoir remporté maints concours, le groupe a pu
réaliser des tournées européennes aux cotés de groupes en vogue (Eths, Tripod,
Babylon Pression…) mais surtout enregistrer des albums en s’entourant de
personnes compétentes telles que Charles Massabo (Sikh, Magoa, Hewitt…) et Alan
Douches (Converge, Mastodon, Dillinger Escape Plan…). Aujourd’hui, lorsque la
formation se retourne sur son parcours, elle constate que la route accomplie
est plus que respectable pour remettre le couvert encore une fois. C’est donc
en février dernier que sort le troisième opus de Dirty Shirt, « Freak Show »
avec une impressionnante organisation internationale d’enregistrement car par
moins de cinq pays ont été réquisitionnés pour les prises, les arrangements, le
mix et mastering (Roumanie, France, États-Unis, Angleterre et Finlande). Confié
un fois de plus à l’ex-frontman de Sikh exilé désormais en Amérique, le son est
logiquement propre, gros et léché. Un plus pour le style des Roumains qui allie
un metal fortement influencé par la scène des années 2000 avec la musique
traditionnelle nationale et teinté (très légèrement) de reggae et de funk. Même
si on sent les heures d’écoutes de Skindred, Static X et System of a Down, la
formation impose son identité dès les premières notes avec son mélange
(d)étonnant expliqué plus haut. Furieusement groovy, les gros riffs me
renvoient directement à l’époque bénie des baggys et autres planches à
roulettes tandis que l’ajout des parties traditionnelles, me faisant évidemment
penser à Emir Kusturica, fini par me convaincre que le sextet a quelque chose
de très intéressant sous le capot malgré une orientation musicale pouvant être
désuète aux yeux de certains. Avec ses airs de neo metal, le chant est, en
revanche, chanté et alterné avec deux voix masculines. La répartition
des tâches (en roumain et anglais) participe à la cohésion de l’ensemble pour
que l’on finisse l’écoute de « Freak Show » avec un sentiment
agréable de surprise totale autant dans les grandes lignes que dans le détail même
si certains ajouts de synthé auraient pu être évités. Frumos surpriză !
Etienne