On le sentait venir avec le split apparu l’an passé et Cortez
a bien confirmé les soupçons d’un retour concret
sur le devant de la scène en
sortant « Phœbus », il y a quelque mois. Non contents d’avoir
réimposé leur musique en une chanson de douze minutes, les Suisses enfoncent le
clou avec 10 morceaux faisant la part belle au noise hardcore avec une franche
orientation post hardcore. La moyenne de temps par titres se situe dans les
environs des cinq minutes ; plus qu’assez au trio pour envoyer un boulet
considérable tout en expérimentant lors de passages instrumentaux. Incisif, cet
album se fait aussi remarquer par son intensité qui prend à la gorge avec une
nervosité et une rage me rappelant parfois le Morse montpelliérain. Le trio se
démène habilement et va très loin si bien qu’on aura l’impression à plusieurs reprises
d’être à un ultime paroxysme musical, là où Cortez abat sa meilleure carte,
jette ses dernières forces dans une guerre qu’il a lui-même déclenchée ;
erreur grossière que de penser ceci tant les Suisses ont toujours des munitions
à envoyer par la suite, à remettre une couche qui n’est pas forcément nécessaire
puisque les preuves qualitatives sont déjà là mais qu’importe, le combo ne lâche
pas et continue d’assener. « Phœbus » n’est pas un album simple et
docile. Il faudra quelques écoutes afin de s’en imprégner et d’en sortir une
vision d’ensemble aidant à la compréhension et l’assimilation des morceaux car cette
vivacité presque animale demeurera jusqu’à la toute dernière note comme si
Cortez avait jugé convenable la dévastation qu’il venait de nous infliger. Et
nous, auditeurs fous, nous en redemandons.
Etienne