Lorsque l’on parle de primitif, je pense souvent à la scène
des singes préhistoriques dans 2001, l’Odyssée dans l’Espace où, à la
découverte de la stèle noire, la tribu découvre le sentiment de violence extrême
entrainant la mort de l’un d’entre eux. C’est une sorte de retour à la base, à
l’instinct animal de l’homme dont le seul mot d’ordre est la survie à n’importe
quel prix. Avec son premier album dénommé « Scorn », Primitive Man
fait régner une atmosphère des plus hostiles, instaurant un climat de peur et
de pression constant nous obligeant à être aux aguets, comme si l’instinct
naturel susnommé se réveillait bizarrement. Le trio de Denver distille pendant
une petite quarantaine de minutes un sludge dont la lourdeur et la noirceur
nous imprègne et nous accable. Avec un son plus que massif, le groupe joue avec
ses instruments tel un Sunn 0))) ou un Khanate en créant ces fameuses ambiances
qui ne laissent clairement pas de place à une lueur d’espoir ; on étouffe,
on suffoque mais personne ne viendra nous aider. Tantôt drone, tantôt d-beat,
la musique de Primitive Man traverse les frontières stylistiques tout en
prenant le soin de toujours ramener son suif équivalent à celui présent dans le
black metal. Proposé comme un album, je considère « Scorn » plutôt
comme une expérience musicale qui vaut le coût d’être vécue car jamais, je n’ai
autant ressenti cette oppression et ce sentiment de danger tout autour de moi. Je
conseillerai donc cette galette à ceux dont les oreilles sont affutées et prêtes
pour une virée dans l’hostilité pure. À (y sur-)vivre.
Etienne