La nuit est toujours un moment particulier où ce que l’on
peut voir en journée se transforme et apparait différemment. En apogée jusqu’à
minuit, ces instants périclitent par la suite, toujours variablement et doucement,
jusqu’aux premières lueurs du soleil. Ces atmosphères et sensations ont été
rapportées sur le deuxième album de Lilium Sova appelé « Epic Morning ».
Avec leur touche résolument noise et free jazz, les Suisses se sont laissés
aller au gré d’un vent diurne les amenant dans des contrées parfois reposantes,
parfois angoissantes comme le pourrait être une aventure de huit heures à
partir des douze coups du clocher, au moment où la lune est à son zénith. Basée
sur une musique expérimentale, le trio (dorénavant quatuor) laisse l’auditeur
aller à son imagination en lui plantant uniquement la graine qui germera
différemment pour chaque personne. Voyage initiatique à travers des paysages
vastes et brumeux, on décolle dès les premières notes pour ne se réveiller qu’après
60 petites minutes qui nous en auront parues 360. Comprenant maintes parties
arythmiques où les nappes de synthé, saxophone et autres cymbales font leurs
effets, jamais ce disque ne souffrira d’une quelconque longueur tant le dosage
est parfait. On assiste à des envolées vertigineuses grâce à la qualité des
musiciens et des invités présents (Rorcal, Kehlvin, Vuyvr…) mais Lilium Sova
nous rattrapera toujours à temps afin de nous ramener sur le sinueux chemin qu’est
« Epic Morning ». Il n’en faudra alors pas plus pour se convaincre de
replonger dans cet univers dense, intense mais tellement inouï. Un chef d’œuvre
d’insomnie.
Etienne