Dans le monde des musiciens, il y a toujours eu un groupe ou
une personne qui, au dessus de tous les autres, a donné ce petit plus incitant
à passer de l’autre coté des instruments. En général, on retrouve toujours
cette influence dans le jeu du début et, comme dans toute passion, à force de
rencontres, de découvertes, on la fait évoluer et/ou s’en distancie. Le terme même
d’« influence » renvoie à quelque chose de fort, qui nous imprègne,
nous conditionne et nous guide dans notre façon de procéder (dans la musique,
de composer). C’est pour ça que l’on tente toujours, au commencement, d’aligner
des riffs similaires, d’avoir le même timbre de voix que nos idoles ou encore
de sortir des breaks identiques à ceux sur notre album culte. (En écrivant, je
me rappelle d’ailleurs de mon premier groupe dans lequel on essayait
lamentablement d’aligner une intro comme celle de Blind de Korn à un
refrain ressemblant douteusement à Superstar d’Aqme, insouciants que
nous étions…). Heureusement, le temps passe et la musique se développe (pour le
meilleur ou pour le pire) afin de donner ensuite la patte qui sera caractéristique
à la formation, pouvant donc se jeter en pâture au public, accrochant ou
pas à l’univers proposé. Ici, c’est précisément le problème rencontré avec
Serments où l’influence de Deftones n’est clairement pas passée, voire a pris
le dessus sur le coté personnel. Le fait que les Parisiens aient comme frontman
une femme ne changera rien à la donne et cet « Erotic Drive » fera
résonner en moi un fort mélange de « Saturday Night Wrist » avec « White
Pony », le tout saupoudré de « Diamond Eyes ». Avec plusieurs
écoutes, rien n’y fera, le quintet adopte parfaitement le style des cinq de
Sacramento avec une ressemblance trop poussée pour en faire abstraction. On
remarquera ainsi des riffs cousins de ceux de Stephen Carpenter, des lignes de
chant fortement influencées par Chino Moreno (pour rester dans le thème de la
chronique) et des tempi assez lourds voire planants, en parfaite adéquation
avec les samples et les nappes de synthé balancés par derrière (ça ne vous dit
rien ?). Bien loin d’une mauvaise interprétation, Serments tape
malheureusement dans la facilité en réchauffant les bons plans des Américains
et, en tant qu’amateur du genre, je ne pouvais pas laisser passer ça, même avec
la meilleure volonté du monde. Espérons que le rattrapage se fera rapidement
car le talent est là, cependant. Copie à revoir.
Etienne