Bias+ Ghost on Tape + Shell Corporation + Uncommonmenfrommars @ La Dynamo le 7/11/12

Nous quittons nos contrées narbonnaises en cœur de semaine pour nous rendre in extrémis à Toulouse, assister à un concert 100% punk rock organisé par les bons vieux Toloose Punkers, en coproduction avec Shorter, Faster, Louder Shows.
La merveilleuse quête d’une place de parking nous fera rater la majorité des morceaux du premier groupe. Cependant, la soirée débute par de jolies surprises : un CD Uncommonmenfrommars offert, une salle blindée dès 20h et une ambiance prête à consommer du vrai, du frais.
Nous nous rendons à l’étage profitant de la hauteur sur scène, face à la vierge peu farouche aux lunettes 3D surplombant le public de la fosse.
Je découvre Bias, trio énergique qui joue à domicile. Malgré leur jeune âge, ça sent l’expérience scénique. Le set est en place (enfin ce qu’il en reste) et les compos  sont  classico-punk-rock et assez percutantes comme je les aime.
Ces trois lascars du début de soirée, ont joué leur rôle de première partie. Le public est dorénavant un peu moins sur la digestion. Bias, un groupe à suivre, mais attention, leur apparence pourrait les desservir… En effet, honorés de partager les planches d’Uncommonmenfrommars, ils n’étaient pas contraints d’emprunter leurs chaussettes et leurs tatouages!

Le changement de plateau est efficace, à peine le temps de saluer nos potes de Saturn qui cherchent aux fonds de leur poche de quoi s’offrir une pression, et Ghost On tape attaque.
Eux aussi jouent à la maison, et l’esprit qui se dégage du concert me parait moins sombre que l’écoute que j’avais pu faire de leur premier Ep. A nouveau un trio en place, et si la formation est récente, leurs expériences antérieures leur assurent une bonne prestance.
Les morceaux s’enchainent, le guitariste chanteur ironise par des petites phrases du genre «  on va essayer de faire du rock pendant trente minutes ». Bref, le set est pensé pour éviter les somnolences.
Le bassiste en impose et le guitariste a un jeu plutôt nerveux, qui attaque. Tous deux assurent les lignes vocales principales, à tour de rôle, le premier jouant davantage avec la saturation de sa voix… un  peu trop usée sur la fin néanmoins.
Le batteur est un fan des cymbales de la série Z qu’il rentabilise avec rapidité, même si son jeu n’est quand même pas à la hauteur du t-shirt qu’il porte (Refused).
Des chorus de bucherons aux « wohohoo », en passant des breaks énergisants et des roulements dévastateurs, tout y est ! Ou presque : j’aurais quand même rajouté une dose supplémentaire de parties lourdes, pour apprécier d’autant plus les passages TGV.
Les copains saluent la prestation avec une banderole Ghost On Tape fait maison qui slame dans la fosse. Ghost On Tape quitte les planches en ayant chauffé le public toulousain.

Ça s’active un peu à l’étage, Trint, Ed et même Big Jim sont accessibles aux amis et fans d’Ardèche, les loges donnant sur un salon « lounge » squatté par le public.
On descend dans la fosse pour apprécier de près les amerloc’ de The Shell Corporation qui ont fait le déplacement depuis la Californie.
Je ne vous cache pas que la découverte de leur CD n’a pas été aussi enrichissante que celle de Christophe Colomb… De ce fait, leur live est largement au dessus de mes attentes.
The Shell Corporation -qui aurait pu s’appeler « les quatre gaillards aux yeux plissés »- livre un show dynamité. Le charisme du chanteur et son hyperactivité y sont pour beaucoup, accompagnés par ses complices issus de formation renommée (Ex-A Wilhelm Scream, The Briggs, Time Again).
Le style est difficile à définir car il s’agit d’une base punk rock, avec des riffs assez basiques. Cependant, il s’y rajoute des parties à la limite de l’acoustique et du langage parlé qui m’ont évoqué Dashboard Confesionnal ou l’esprit barré de Tenacious D, mais encore des passages d’inspiration reggae…Un mélange mélodique, détonant mais bien agencé et plutôt fluide à l’écoute.
Ces compositions ne visent pas l’artifice, le défilé de performance, ni l’objectif commercial. Néanmoins, davantage de chorus fédérateurs (ce qui est un comble quand on s’appelle « corporation »), permettrait selon moi de rallier l’auditeur aux slogans anti-capitalistes martelés par Jan Drees.
Par ailleurs, j’espère que le groupe aura suffisamment rentabilisé sa tournée de Franco-Allemande pour offrir à Curtis Lopez du nouveau matériel…car le son dégueulant de sa gratte pousse au suicide des auditeurs.
Quant au chanteur, il semble le pilier du groupe, mais il donne l’impression de miser sur le remplissage et la puissance… doser l’effort en s’octroyant des passages purement instrumentaux permettrait peut-être de… respirer !
Hormis ces petites remarques, ce groupe mérite la reconnaissance par son originalité musicale et sa présence scénique, les rythmiques singulières, les roulements majestueux et les parties alourdies étant des sucreries supplémentaires !

Changement de plateau et c’est Uncommommenfrommars qui s’installe. Alors que tout ce petit monde est occupé aux derniers réglages, je découvre un Trint un tant soit peu tatillon sur la température de son verre d’eau ou la fraicheur de la pièce… Est-ce vraiment un ardéchois ?
Bref, le show démarre de manière prévisible en inaugurant l’album « Easy Cure », sorti la veille. Il y a du renouveau du côté des « Wohoho » qui sont presque rigolos pour ce démarrage avec Sk8boarding Hurts More When You’re Ove 30. Ils enchainent avec les vocalises ténébreuses d’Authority freak ( « Longer than an EP, Shorter than an album »).
Je comprends alors l’agréable surprise : nous aurons droit à un set des plus mémorables puisqu’il propose un ou deux morceaux de chacun de leur album. Véritable hit machine, ils sont allés chercher au fond de leur mémoire le récent et impulsif I Hate my band, à l’efficace I dont care pioché du millésime 2006 « Scars are reminders », en passant par le jumping Fat boy du vieux « Vote for me », et j’en passe.
Une set-list osée, à laquelle j’adhère à fond.
Le son est bon (parait que Sid est de retour :), mais je déteste toujours autant les insupportables chorus acres et répétitifs de Trint, qui crie comme ma grand-mère quand j’y prends sa 205 (Guess What).
Par ailleurs, je retrouve un Jim de plus en plus à l’aise scéniquement, et les morceaux du dernier album semblent laisser plus de place à ses chœurs dignes de fin du monde.
Quelques problèmes techniques viendront pimenter le jeu d’Ed, jonglant avec sa Fender usée et son autre gratte. Son frère Daff perd une baguette sans accro, même si ce soir, il me semble un peu palot… En tout cas, il tient fermement la cadence sur sa batterie fraichement customisée du visuel chirurgical rouge. Les trois autres agités du bocal nous en donne aussi pour notre argent, toujours avec leurs petites blagues et anecdotes inter-morceaux, qui font leur charme et dont on ne se lasse pas.

Je rate la toute-fin du concert, où parait-il, Ed s’impose en tant que violoniste du groupe. Oui, violoniste de Fender. Bref, Uncommonmenfrommars, bientôt proclamés papys du punk rock californardèchois mais pas encore prêt à oublier en maison de retraite.

Bilan de la soirée : quatre groupes labelisés punkrockeurs véritables, dont deux élevés au grain à Toulouse même. Pas déçu un poil par cette soirée de fondus de poumka, poum-poumka.
La salle, l’ambiance, la sonorisation et les shows respectifs étaient vénérables, gravés à jamais dans mes tympans. 
Chloé

Photos de Chloé (Delete Your Favorite Records)et de Cédric Rastelli.