Nous quittons nos contrées narbonnaises en cœur
de semaine pour nous rendre in extrémis à Toulouse, assister à un concert 100%
punk rock organisé par les bons vieux Toloose Punkers, en coproduction avec
Shorter, Faster, Louder Shows.
La
merveilleuse quête d’une place de parking nous fera rater la majorité des
morceaux du premier groupe. Cependant, la soirée débute par de jolies surprises :
un CD Uncommonmenfrommars offert, une salle blindée dès 20h et une ambiance prête
à consommer du vrai, du frais.
Nous nous rendons à l’étage profitant de la
hauteur sur scène, face à la vierge peu farouche aux lunettes 3D surplombant le
public de la fosse.
Je découvre Bias, trio énergique qui joue à domicile. Malgré leur jeune âge, ça
sent l’expérience scénique. Le set est en place (enfin ce qu’il en reste) et
les compos sont classico-punk-rock et assez percutantes comme
je les aime.
Ces trois lascars du début de soirée, ont
joué leur rôle de première partie. Le public est dorénavant un peu moins sur la
digestion. Bias, un groupe à suivre, mais attention, leur apparence pourrait
les desservir… En effet, honorés de partager les planches d’Uncommonmenfrommars,
ils n’étaient pas contraints d’emprunter leurs chaussettes et leurs tatouages!
Le changement de plateau est efficace, à
peine le temps de saluer nos potes de Saturn qui cherchent aux fonds de leur
poche de quoi s’offrir une pression, et Ghost
On tape attaque.
Eux aussi jouent à la maison, et l’esprit
qui se dégage du concert me parait moins sombre que l’écoute que j’avais pu
faire de leur premier Ep. A nouveau un trio en place, et si la formation est
récente, leurs expériences antérieures leur assurent une bonne prestance.
Les morceaux s’enchainent, le guitariste
chanteur ironise par des petites phrases du genre « on va essayer de
faire du rock pendant trente minutes ». Bref, le set est pensé pour éviter
les somnolences.
Le bassiste en impose et le guitariste a un
jeu plutôt nerveux, qui attaque. Tous deux assurent les lignes vocales
principales, à tour de rôle, le premier jouant davantage avec la saturation de
sa voix… un peu trop usée sur la fin
néanmoins.
Le batteur est un fan des cymbales de la
série Z qu’il rentabilise avec rapidité, même si son jeu n’est quand même pas à
la hauteur du t-shirt qu’il porte (Refused).
Des chorus de bucherons aux « wohohoo »,
en passant des breaks énergisants et des roulements dévastateurs, tout y
est ! Ou presque : j’aurais quand même rajouté une dose
supplémentaire de parties lourdes, pour apprécier d’autant plus les passages
TGV.
Les copains saluent la prestation avec une
banderole Ghost On Tape fait maison qui slame dans la fosse. Ghost On Tape
quitte les planches en ayant chauffé le public toulousain.
Ça s’active un peu à l’étage, Trint, Ed et
même Big Jim sont accessibles aux amis et fans d’Ardèche, les loges donnant sur
un salon « lounge » squatté par le public.
On descend dans la fosse pour apprécier de
près les amerloc’ de The Shell
Corporation qui ont fait le déplacement depuis la Californie.
Je ne vous cache pas que la découverte de
leur CD n’a pas été aussi enrichissante que celle de Christophe Colomb… De ce
fait, leur live est largement au dessus de mes attentes.
The Shell Corporation -qui aurait pu
s’appeler « les quatre gaillards aux yeux plissés »- livre un show
dynamité. Le charisme du chanteur et son hyperactivité y sont pour beaucoup,
accompagnés par ses complices issus de formation renommée (Ex-A Wilhelm Scream,
The Briggs, Time Again).
Le style est difficile à définir car il
s’agit d’une base punk rock, avec des riffs assez basiques. Cependant, il s’y
rajoute des parties à la limite de l’acoustique et du langage parlé qui m’ont
évoqué Dashboard Confesionnal ou l’esprit barré de Tenacious D, mais encore des
passages d’inspiration reggae…Un mélange mélodique, détonant mais bien agencé
et plutôt fluide à l’écoute.
Ces compositions ne visent pas l’artifice,
le défilé de performance, ni l’objectif commercial. Néanmoins, davantage de
chorus fédérateurs (ce qui est un comble quand on s’appelle « corporation »),
permettrait selon moi de rallier l’auditeur aux slogans anti-capitalistes
martelés par Jan Drees.
Par ailleurs, j’espère que le groupe aura suffisamment
rentabilisé sa tournée de Franco-Allemande pour offrir à Curtis Lopez du
nouveau matériel…car le son dégueulant de sa gratte pousse au suicide des
auditeurs.
Quant au chanteur, il semble le pilier du
groupe, mais il donne l’impression de miser sur le remplissage et la puissance…
doser l’effort en s’octroyant des passages purement instrumentaux permettrait
peut-être de… respirer !
Hormis ces petites remarques, ce groupe
mérite la reconnaissance par son originalité musicale et sa présence scénique, les
rythmiques singulières, les roulements majestueux et les parties alourdies
étant des sucreries supplémentaires !
Changement de plateau et c’est Uncommommenfrommars qui s’installe.
Alors que tout ce petit monde est occupé aux derniers réglages, je découvre un
Trint un tant soit peu tatillon sur la température de son verre d’eau ou la
fraicheur de la pièce… Est-ce vraiment un ardéchois ?
Bref, le show démarre de manière prévisible
en inaugurant l’album « Easy Cure », sorti la veille. Il y a du
renouveau du côté des « Wohoho » qui sont presque rigolos pour ce démarrage
avec Sk8boarding
Hurts More When You’re Ove 30. Ils
enchainent avec les vocalises ténébreuses d’Authority freak ( « Longer than an EP, Shorter than an
album »).
Je comprends alors l’agréable
surprise : nous aurons droit à un set des plus mémorables puisqu’il
propose un ou deux morceaux de chacun de leur album. Véritable hit machine, ils
sont allés chercher au fond de leur mémoire le récent et impulsif I Hate my band, à l’efficace I dont care pioché du millésime 2006 « Scars are reminders », en
passant par le jumping Fat boy du
vieux « Vote for me », et j’en passe.
Une set-list
osée, à laquelle j’adhère à fond.
Le son
est bon (parait que Sid est de retour :), mais je déteste toujours autant
les insupportables chorus acres et répétitifs de Trint, qui crie comme ma grand-mère
quand j’y prends sa 205 (Guess What).
Par
ailleurs, je retrouve un Jim de plus en plus à l’aise scéniquement, et les
morceaux du dernier album semblent laisser plus de place à ses chœurs dignes de
fin du monde.
Quelques problèmes techniques viendront
pimenter le jeu d’Ed, jonglant avec sa Fender usée et son autre gratte. Son
frère Daff perd une baguette sans accro, même si ce soir, il me semble un peu
palot… En tout cas, il tient fermement la cadence sur sa batterie fraichement
customisée du visuel chirurgical rouge. Les trois autres agités du bocal nous
en donne aussi pour notre argent, toujours avec leurs petites blagues et
anecdotes inter-morceaux, qui font leur charme et dont on ne se lasse pas.
Je rate la toute-fin du concert, où
parait-il, Ed s’impose en tant que violoniste du groupe. Oui, violoniste de
Fender. Bref, Uncommonmenfrommars, bientôt proclamés papys du punk rock
californardèchois mais pas encore prêt à oublier en maison de retraite.
Bilan de la soirée : quatre groupes
labelisés punkrockeurs véritables, dont deux élevés au grain à Toulouse même. Pas
déçu un poil par cette soirée de fondus de poumka, poum-poumka.
La salle, l’ambiance, la sonorisation et les
shows respectifs étaient vénérables, gravés à jamais dans mes tympans.
Chloé
Photos de Chloé (Delete Your Favorite Records)et de Cédric Rastelli.