Toutes les bonnes choses ont une fin. En tout cas, c'est l'adage qui me vient à l'esprit lorsque je pense à Manimal qui a décidé d'arrêter après 9 ans de bons et loyaux services sur la scène metal hexagonale avec son style bien à lui. A la sortie de « Multiplicity », le dernier album, il m'a semblé logique d’engranger la discussion avec Julien sur l'univers de ce groupe particulier. Un dernier tour est puis s'en va.
Julien : Chant
Brice : Batterie
Julian : Guitare
Vidda : Guitare
Fabrice : Basse
Salut. Alors, contents des retours de
« Multiplicity » ?
Ju : Très ! Le public et la critique sont pour
l’instant très positifs.
Avant d’en venir à votre nouvel album, pouvez-vous
m’expliquer votre cheminement depuis « Succube » jusqu’à la décision
de Vidda de quitter le groupe et donc de clore l’aventure par consentement
mutuel ?
Ju : Ça a été très compliqué. Nous avons
enregistré un DVD pour Manimal (qui ne sortira malheureusement pas à cause de
soucis techniques), puis un autre album de Psykup, une tournée, et ensuite nous
nous sommes remis à l’écriture avec Manimal il y a deux ans. Nous avons perdu
beaucoup de temps (plus d’un an) et d’énergie en pourparlers avec des gros
labels internationaux, pour au final ne pas décrocher de deal. Season of Mist
étaient ok pour nous signer, mais Vidda a préféré arrêter, je pense qu’il s’est
épuisé. Ça nous aura au moins laissé le temps de peaufiner les morceaux. Nous
avons décidé d’arrêter parce que Vidda est le compositeur des riffs et que
c’est une aventure humaine avant tout. Mais la tournée d’adieu est là pour un
tirer un dernier baroud d’honneur !
D’abord Psykup puis maintenant Manimal, les vieux lions de
la scène metal toulousaine (au rayonnement national) cèderaient-t-ils petit à
petit leur place aux jeunes nouveaux (Dwail, Nephalokia, Nojia…) ?
Ju : Nous avançons, évoluons, créant d’autres
projets. Psykup n’est pas mort pour moi, j’ai des idées de morceaux en tête, je
compte bien les enregistrer dans les 2 ans. Tant mieux pour les petits
nouveaux, longue vie à eux !
« Multiplicity » a mis énormément de temps
à sortir, avec beaucoup d’annonces et de retardements. Était-ce là le signe
d’un relâchement prévisible ou vouliez-vous vraiment proposer quelque chose de
totalement abouti ?
Ju : Comme j’ai dit plus haut, nous n’avons pas
relâché nos efforts, écrivant en permanence, discutant avec les labels
étrangers. On n’a pas communiqué là-dessus par choix, pour ne pas se monter la
tête inutilement. On a bien fait ! Pour moi le positif est que cet album
recèle nos meilleurs morceaux, du coup.
Pour votre dernier album, vous avez décidé de tout faire
en famille, juste avec le groupe et les fidèles parmi les fidèles (Jouch à la
pochette par exemple). Que représente ce mode DIY pour vous maintenant que vous
aviez par le passé été signés sur un label ?
Ju : La liberté. Nous avons un contrôle total.
C’est à la fois épuisant et très attrayant.
« Multiplicity » m’est apparu comme une
suite logique de « Succube » avec une accentuation de la griffe
Manimal (le coté death et le coté groove). Êtes-vous d’accord avec cette
remarque ou est-ce trop réducteur à vos yeux ?
Ju : Je dirais que Multiplicity est plutôt une
suite directe d’« Eros & Thanatos ». Nous ne sommes pas fans du
deuxième album, au niveau compos et son. Trop alambiqué, trop froid. Nous
voulions revenir aux sources, à l’efficacité et à l’énergie brute, plus
spontanée. L’album de la maturité quoi J
Ju : Ludo (qui joue du bouzouki sur Edmond)
est l’ancien guitariste de Manimal, c’était logique qu’il soit là. Lussi
(ancienne MyPollux, nouvellement Lussi in the sky) apporte la touche féminine
dont j’avais besoin pour Laura. Je ne voyais personne d’autre qu’elle.
J’ai récemment lu sur un webzine que Vidda regrettait un
peu de ne pas avoir eu assez de temps pour travailler le son.
Effectivement, j’ai trouvé que bien qu’il soit monstrueux (le son, pas Vidda),
il manquait cette petite touche personnelle que l’on pouvait trouver dans
« Succube ». Pourquoi ne pas lui avoir laissé un peu plus de temps ?
Fait-il partie de ces musiciens qui ne seront de toute façon jamais contents du
rendu final ?!
Ju : Il est perfectionniste c’est vrai, et
malheureusement nous n’avons eu que 9 jours de mix, ce qui explique les
quelques erreurs. Mais nous sommes très contents du son, c’est de loin le plus
gros que nous n’ayons jamais eu.
Julian a intégré le groupe peu avant l’annonce du départ
de Vidda. Que vous a-t-il apporté de nouveau ? Et Julian, que t’as apporté
Manimal ?
Julian : Manimal m’a apporté beaucoup sur le plan
musical et personnel. Pour jouer avec eux je savais que j’allais devoir taffer
beaucoup mon instru pour être à niveau. Je suis content que Vidda m’ait donné
cette chance. J’ai pas mal appris aussi en studio, j’ai fait des prises sur
l’album et j’ai pu affiner un peu plus mon jeu. Il y a vraiment eu un échange
entre tous durant les prises, c’était très positif et bénéfique. En contre
partie, j’ai tenté de donner à Manimal un peu de soutien et de disponibilité.
J’avais une vision extérieure du groupe et ça peut aider quand tu as trop la
tête dans le guidon. En plus de ça, j’ai aussi mis en place tout ce qui
concerne le « Do It Yourself » autour du groupe (promo, merch, shop
en ligne..), vu qu’avec Dwail j’ai l’habitude de faire ça, je me suis proposé
de gérer ça pour Manimal.
Pendant votre tournée, vous croisez la route de Gojira.
Sachant que vous avez un lien fort avec ce groupe, entre Psykup et Manimal,
comment abordez-vous ce concert et ces retrouvailles ?
Ju : Avec émotion et bonheur. Gojira a fait
beaucoup pour nous depuis le début.
Que peut-on attendre de votre date au Bikini ?
Ju : Encore de l’émotion, beaucoup d’énergie, de
la chaleur, des guests et une setlist généreuse.
Si on connait ton futur musical, Julien (Rufus Bellefleur),
et celui de Julian (Dwail), quid des autres membres ?!
Ju : Vidda enregistre des groupes dans son
studio, Fabrice a un boulot et Brice joue dans Selam. Je compte pour ma part,
outre Rufus Bellefleur, enregistrer un Psykup et un Simone Choule dans les deux
ans.
Aurais-je oublié de mentionner quelque chose ?
Ju : Que notre album s’achète exclusivement sur
le net et aux concerts. Tout est indiqué sur notre Facebook, likez, venez aux
concerts faire la teuf avec nous ! Merci pour cette interview.
Etienne
Photos live par Yann Monesma.