Klone "The Dreamer’s Hideway" (Metal Progressif/Klonosphere, Season of Mist)

Ceux qui suivent un peu mes chroniques savent que « The Eye of Needle » m’avait plus que conquis de par sa personnalité et son originalité. Logiquement, il me tardait donc de découvrir la suite que comptait donner Klone à son évolution. « The Dreamer’s Hideway » est la résultante d’un long travail de plus de 10 ans sur le style et l’univers du groupe qui, à travers ses expériences humaines et musicales, a toujours su faire évoluer sa manière de composer en passant lentement mais surement d’un metal à un rock progressif soutenu. Aujourd’hui, ce nouvel album se veut le point d’orgue de la carrière des Poitevins qui comptent bien avec, franchir un nouveau cap de notoriété. J’ai découvert le collectif Klonosphere à travers Anthurus d’Archer ou encore Hacride et très vite m’est apparu ce rapprochement avec l’état d’esprit décalé du collectif toulousain Antistatic (Psykup, Manimal, Sidilarsen…) renouvelant la vision un peu figée du metal hexagonal. Cette envie de briser les barrières par amour de la musique, et non pas pour se démarquer parce qu’il faut se démarquer, je l’ai retrouvée chez Klone, inlassablement album après album, et « The Dreamer’s Hideway » m’a prouvé une fois de plus que le sextet avançait dans sa musique avec une aisance de composition déconcertante. Dans la veine de l’EP précédent, ce cinquième album a dépassé toutes mes attentes concernant la formation. Plus progressif que jamais, les parties metal ne sont pas en reste et se fondent magnifiquement avec l’ensemble, le rendant encore plus massif et rentre dedans. Mais la griffe de Klone réside dans cette capacité à allier atmosphères planantes à du rock bien lourd. Ici, les Poitevins se surpassent et nous proposent un panel quasi-illimité d’ambiances (rassurantes, psychédéliques, puissantes, personnelles, etc.) et d’utilisations magistrales d’instruments comme le saxophone, le synthé, les samples et autres effets. Même si je peux écrire des dithyrambes interminables sur la qualité des musiciens, je voudrais juste m’attarder un peu sur la voix de Yann Lignier, qui m’impressionne de sorties en sorties, me donnant ici, littéralement, la chair de poule par moment. À la manière d’un Maynard James Keenan, le chanteur a cette habilité à trouver des mélodies collant à la musique, sans jamais suivre les guitares, et s’accrochant dans notre esprit pour toute la journée. Puissant et précis, son organe ne faiblira jamais tout comme l’intensité dégagée des morceaux. « The Dreamer’s Hideway » impose une fois de plus Klone sur le podium de la scène metal française et se propose comme alternative aux carcans du style. Formant un tout, les morceaux cohabitent merveilleusement entre eux et ne souffrent d’aucun temps mort grâce à une cohérence et le suivi d’un fil conducteur sans faille. À mes yeux, l’album hexagonal de l’année.
Etienne