Six Days After "Therapy" (Hardcore Mélodique/Nao Noïse Production, Dream On Production)

Immatriculé de Lille, Six Days After a dépassé le rodage en live par leurs shows vitaminés dans le Nord. Le quartet présente désormais officiellement son premier EP intitulé « Therapy ».
Au démarrage de Mistakes, Pain & Illusions, l’auditeur est séduit par ce délicieux riff de guitare en son clair qui le pousse à hisser le son de l’autoradio. À peine le temps d’accrocher la ceinture et c’est l’accident cardio-vasculaire à la 14ième seconde:  allumage simultané du chant, des guitares saturées, de la basse ronde à souhait et de la double pédale, le tout par une entrée fracassante et sans préchauffage.
Dès cet instant, j’ai su que cet album était un coup de cœur, autant qu’il m’avait porté un coup au cœur : condamnée à écouter l’album sans répit.

Le son archi-propre est tunné à l’américaine et les lignes de chant lead en clair sont un atout pour accrocher l’auditeur.
Le côté hybride de ce groupe est ce que je retiens en premier, car Six Days After ne fait pas dans la demi-mesure : les instruments sont en totale cohésion avec le chant pour alterner parties extrêmement puissantes (batterie précise chargée en double pédales, riffs de gratte et de basse très lourds et chant clair béton agrémenté de chorus herculéens) et passages bien mélodiques (chant clair et lent, parties épurées, à la limite du xylophone, avec arpèges).
Les prises de vitesse contrebalancent avec les moments de débrayage par le jeu des questions autant puissantes qu’hargneuses et des réponses mélo-doucereuses (comme les « Undercontrol » de Right Corner).
La recette est huilée et l’attelage est de choix : un batteur d’aplomb qui exécute habillement les breaks (intro de Taste of Violence), un guitariste qui déploie à la fois des parties aériennes survitaminées (Psychoanalysis) et des riffs métal beaucoup plus lourds et enfin une basse avec une assise rythmique sans accros.
Leurs cardans bien entretenus assurent la fluidité de l’exécution, tout en garantissant l’adhérence des tympans grâce aux chorus justement placés qui dynamisent les titres.
De cette mécanique rodée émane de forts relents de Thrice (The Taste of Violence), un léger esprit Papa Roach (Right Corner) et quelques touches de Glasjaw (Saddest Day). Tout ça n’est pas pour me déplaire.
L’album est donc un condensé de performance, même s’il est un peu trop court à mon goût (17 min). La voix exagère quelquefois l’accentuation anglaise  mais elle maitrise la justesse et se met joliment à nue quand l’album touche à sa fin, un coté suave pour clôturer ce cinq titres.

Covoiturer avec Six Days After, c’est transformer votre épave en véritable rouleau compresseur émotionnel. Bénéficiez de l’alliance de la technique et de l’efficacité, aux frontières de la clarté, du mélodique et de la puissance du métal.  Ce premier EP « Therapy » est un carburant d’excellence pour vous procurer la sensation de l’épuré tout en ayant fait le plein.
Rien ne finit à la casse, l’assemblage instrumental est maitrisé et se parfait grâce au chant climatisé qui balaye l’air lourd et pesant et ses parties dynamitées font galoper les chevaux de cet hybride.
 « Therapy » passe donc le contrôle technique du hardcore mélodique haut la main. On est dans du lourd, on est dans du fiable.
Chloé