Mudbath (Sludge, Doom)

Petite sensation de l'été, Mudbath a étonné (et le fait encore !) avec la sortie de son premier EP, qui lui a permis de se faire connaitre plus que raisonnablement. Après cette bonne surprise et un passage au Yellfest (entre autre), quoi de plus normal de prendre des nouvelles du groupe en cette rentrée de septembre. Discussion avec Marco et Flo, membres passionnés du 1 BPM et motivés par la Kaiser Krone.

Félix : chant, percussions.
Micka : guitare.
Flo : guitare.
 Marco : basse.
Luke : batterie.

Salut, vous attendiez-vous à des retours aussi positifs pour « Red Desert Orgy » ?

Marco : Pas vraiment. Cela dit, on avait quand même hâte de lire les premières chroniques de l’EP : pour la plupart des membres du groupe, c’était la première fois qu’on enregistrait quelque chose et c’est toujours intéressant de lire des critiques constructives vis-à-vis d’un truc que t’as couvé pendant de longs mois. Et puis c’est marrant de voir le skeud chroniqué sur des blogs mexicains ou grecs. On s’attendait surtout pas à avoir des retours des quatre coins de la planète en fait, merci Internet ! Y’a même un mec qui nous a invités à jouer à son festival de doom en Australie, mais le prix des billets d’avion a été très dissuasif, forcément. On a donc décliné l’invitation en pleurant des larmes de sang.

J’ai l’impression que la scène avignonnaise commence à émerger petit à petit, en proposant des groupes de qualité. Qu’en pensez-vous et si oui, à quoi est-ce dû?

Marco : Effectivement, il y a une belle brochette de groupes intéressants du côté d’Avignon en ce moment : Sobornost (rock rugueux influencé par une ribambelle de trucs cultes des 90s), Sanair (one-man band drone, membre du label Fragments), The Real Mac Coy (stoner aride de la plus pure espèce), Pay Me Robber (rock fougueux), Pasteur Guy (DJ rock’n’roll iconoclaste)… J’ajouterais même Worcester, groupe stoner/punk qui réunit justement Pasteur Guy et Félix (chant), Mika (guitare) et moi-même de Mudbath. Mais, personnellement, je suis certain que ce n’est que la partie émergée de l’iceberg et que y’a des dizaines de groupes qui cassent des culs dans le secteur mais qui restent cloitrés dans leurs garages. Avec Redrum, une association créée sous l’impulsion de Félix, on essaie de rassembler la scène avignonnaise « bruyante » en organisant des concerts mais c’est compliqué car très peu de lieux (bars, théâtres…) acceptent de nous recevoir.

Pourquoi avoir choisi Mouffi (Verdun) pour l’enregistrement de « Red Desert Orgy » ?

Marco : Parce qu’on a pris une grosse mandale en écoutant « The Cosmic Escape Of Admiral Masuka », on a été scotchés par les compositions de Verdun, bien évidemment, mais aussi par ce gros son. Et puis on cherchait un putain de sorcier pour enregistrer notre premier EP et Mouffi est un génie du Mal ! Et un incroyable ami de la race féline.

Vos titres sont drôles. De quoi parlent les textes ?

Marco : De choses pas très drôles : d’aliénation, de religion, de soumission et d’un large panel de déviances.

Vos morceaux sont relativement longs. Comment faites-vous pour composer ?

Marco : Nos guitaristes Flo et Mika apportent tous les riffs et une grande partie des structures.  Ils nous tiennent par les couilles, même si on fignole tout ensemble en répét’.

Flo : Avec Mika, on trouve des riffs chacun de notre côté qu’on assemble ensuite tous les deux. En fait, y’a une alchimie voodoo entre nous deux, on aime vraiment les mêmes styles de riff, parfois bien gras et abrasifs, d’autres plus « stoner des forêts » à la Baroness. On a de la chance, la plupart du temps les autres membres veulent garder nos riffs mais quand ça plait pas ne serait-ce qu’à un d’entre nous on n’hésite pas à les foutre à la poubelle. Pour la longueur, c’est pas compliqué : on fait du sludge/doom donc on fait tourner les riffs assez longtemps pour que ça reste dans le crâne, on les joue lentement pour que t’aies le temps d’ouvrir une seconde Kaiser Krone avant la fin du morceau et on aime les changements de rythme et d’atmosphère donc on veut foutre le maximum de riffs sans faire du prog’ ou de l’expérimental indien.

Quelles sont vos influences pour la musique de Mudbath ?

Flo : Au départ, l’idée de créer Mudbath est venu de Mika et moi, on voulait faire du sludge/stoner à la Baroness, Eyehategod, Church of Misery. D’ailleurs, l’un de nos premiers morceaux qu’on ne joue plus maintenant était vraiment typé Prehistoric Dog de Red Fang. Avec l’arrivée des autres membres et un petit tour au Yellfest première édition, on a laissé un peu de côté le stoner pour le DOOM. L’arrivée de Luke (notre nouveau batteur) en février n’a fait qu’appuyer ce changement avec des coups de baguettes environ 4000 fois plus espacés que ce qu’on faisait avant. Aujourd’hui, les influences sont plutôt à chercher du côté de Cultura Tres, Kylesa, Gloomy Sunday, et bien sûr Eyehategod.

En off, vous m’aviez expliqué que vous allez rechercher un label. Qu’en attendez-vous ?

Marco : On recherche un ou plusieurs labels afin de mieux distribuer notre musique et confectionner plus facilement l’« objet disque ». C’est dur de réussir à proposer un beau package quand t’es en autoprod’.

Êtes-vous plus CD, Vinyle ou Cassette ?

Flo : On est entrain de faire presser au format CD en autoprod’ mais c’est clair que le vinyle ça démonte, j’aimerais pouvoir avoir notre artwork en bien gros sur une pochette vinyle ! Le format cassette aussi est cool, plus pour l’objet que pour la lecture parce que j’ai pas vu grand monde se balader avec un doom-ghetto-blaster ! 

Avez-vous prévu de tourner ?

Marco : Si tout se passe bien on sillonnera les routes françaises du 3 au 11 novembre. Deux dates sont d’ores et déjà confirmées : à Rouen le 8 et à Paris le 9. Il nous reste encore pas mal de dates pas calées donc si un organisateur nous lit et a envie d’attirer nos trognes de chiens de talus dans sa ville, qu’il n’hésite pas à nous envoyer un mail (mudbath.sludge[at]gmail.com).

Mudbath, c’est votre conseil beauté pour tous les fans de doom ?

Marco : Notre conseil beauté est le suivant : boire régulièrement une bonne Kaiser Krone de clochard. La cannette de 50cl coûte 0,47€ chez Norma, le rapport qualité/cuite/prix est exceptionnel. On cite souvent la marque dans l’espoir qu’ils nous sponsorisent, nique sa mère Monster Energy.

Une omission ?

Marco : Aucune. Merci à toi de soutenir les groupes turbulents de notre genre et à bientôt sur la route afin de faire vaciller des caves, boire des godets dans des troquets impurs et échanger des maladies tropicales.

Etienne