Embarquez à bord de
« The Circle » et larguez les amarres, les japonais de Cleave ne vous
mèneront pas en bateau. Loin de tourner en rond, les sept
titres sont frais et touchants, forts et surprenants.
Sans plagier, Cleave m’a tout de suite évoqué l’esprit des
grands skippers comme Satanic Surfers (désormais
Atlas Losing Grip), avec l’accroche vocale de A Wilhelm Scream et instrumentale d’Alexis
On Fire. Autant vous dire que la destination importe peu, on a avec nous une
équipe d’experts du hardcore mélodique, chanté
en anglais.
Le capitaine au grain
de voix de Flying Donuts n’est pas un corsaire près à déverser sa haine, il tient
la barre et fait en sorte que l’embarcation soit bien à flow durant les 3
minutes de chaque expédition. Les équipiers à bord viennent conforter son
chant, rendant le tout extrêmement diversifié à l’oreille : le groupe a trouvé
le juste arsenal entre l’essentiel et la surcharge. Chaque ligne de chant est
une valeur ajoutée au morceau. Les effets de reverb et la saturation de
quelques chorus sont des bonbons de voyage.
La traversée instrumentale est sécurisée par des balises, marquant
les moments d’accalmie (In our time),
de brise rafraichissante (The circle)
ou encore scandant l’accélération de nœuds (Passed away).
Pour garantir la sécurité des passagers pendant les fortes
houles, les cinq embarqués sont maintenus par la fiabilité du batteur qui
utilise habilement ses poignets sans trop en mettre. En revanche, petit bémol
sur le trigger de la grosse caisse qui aurait mérité un son plus profond,
l’aspect synthétique dénaturant à mon goût les compositions.
Les surprenantes trois guitares n’alourdissent pas la
cargaison. Parfaitement orchestrées, elles sortent de leurs valises le plus
souvent des riffs extra-rapides et rock’n
roll, mais aussi des mélodies douces aux arpèges (et non pas aux asperges) et
des passages sombres. Le morceau Skeletons
in the closets est d’ailleurs le
meilleur représentant de la technique du cortège de guitaristes.
Propulsé sur ce bolide, nous irons des rives sauvages aux
îles de beauté sans subir le tumulte car la structuration est fluide et l’écoute
coule de source. Si notre esprit venait à chavirer dans la mélancolie, les
petits marins aux grands c(h)œurs sauront rallier les troupes et maintenir le
cap.
Les japonais accostent avec la version acoustique d’In our time, plus lente et plus
personnelle : la voix se met à nu et jette l’encre. Comme pour laisser
aux arrivants un souvenir émouvant de la traversée.
Cleave,
c’est les marins japonais du hardcore, au cœur mélo.
Chloé