Valve (Sludge Doom)

Formation relativement récente, Valve n'a pas chômé depuis la sortie de son EP en faisant une flopée de concert en bonne compagnie. Puissante et lourde, la musique du quintet n'en est pas moins réfléchie et ses membres éclairés sur la scène française indépendante d'aujourd'hui. Rencontre avec Côme et Anthony afin de dresser un topo sur le passé et le futur de Valve sur fond de DIY.

Anthony : chant.
Côme : guitare.
Alex : guitare.
Barth : basse.
Colin : batterie.


Salut, comment va Valve en ce moment ?

Côme : Salut! On achève une petite série de concerts avec une de nos plus grosses dates, au Glazart avec Year of No Light et Eibon. On revient d’un weekend de 2 dates avec Selenites, I Pilot Daemon et Le Dead Projet. C’était vraiment chouette, on a fait de supers rencontres et on a hâte d’y retourner. Mais on va certainement lever le pied sur les concerts cet été pour travailler sur des nouveaux morceaux. Bref, ça va bien.

Vous avez sorti un EP en janvier. Avez-vous eu des bons retours au niveau du public et des chroniques ?

Côme : Oui, on commence à avoir eu pas mal de chroniques. Dans l’ensemble, c’est très positif. Les critiques sont constructives, c’est encourageant pour nous. Sur scène, pour le moment, on n’est pas beaucoup sorti de Paris (on y travaille mais ce n’est pas évident!), mais l'accueil est de mieux en mieux. Ça fait un an qu’on a commencé à jouer sur scène, soit une douzaine de dates, et je pense qu’on a pas mal progressé, ça se ressent à la réaction du public.

Anthony : C’est toujours plaisant de revoir des gens qu’on a pu croiser lors d’anciens shows, musiciens ou non, et qui nous disent qu’ils voient clairement une évolution sur l’année qui vient de s’écouler. Quand tu composes un album/EP, c’est quelque chose de très personnel, c’est avant tout quelque chose que tu fais pour toi, les morceaux sont tels qu’on les a voulus mais on ne sait pas quelles seront les réactions des auditeurs, sur CD ou en concert. Alors avoir des retours globalement positifs mais critiques permet, un de se conforter dans la direction musicale qu’on a choisi, et deux de se remettre en question concernant les points qui pourraient être améliorés. Pour ce qui est du live, c’est une question de rodage entre guillemets. La mise en place d’une set list se fait d’une part en fonction d’une certaine cohérence, mais aussi en fonction des réactions du public face au morceaux. Enfin le jeu de scène et l’ambiance mise en place sur un concert sont un moyen d’appuyer les dominantes du CD et d’y apporter une couleur supplémentaire.

Comment l’avez-vous composé ? Est-ce qu’un seul membre apporte le tout, faites-vous des jams ou autrement ?

Côme : La plupart des morceaux de ce premier EP étaient à l’origine des squelettes autour desquels le groupe s’est construit. Ils ont pas mal changé en cours de route, mais la base était là, avant que le line-up actuel soit en place. Pour les morceaux plus récents, dont certains qu’on joue en live et qui paraitront, on l'espère, sur une prochaine galette, le processus de composition n’est pas le même : les idées viennent spontanément en «jammant» ou chacun ramène des idées en répètes, des petites maquettes, sur lesquelles on travaille ensemble ensuite.

Anthony : On compose ou écrit des textes chacun de notre côté, mais on fonctionne démocratiquement, tout est approuvé et retravaillé par le groupe dans son ensemble, le seul vrai leader dans ce groupe c’est l’entité Valve, des individualités au service d’une identité musicale.

Vos morceaux sont relativement longs. Comment abordez-vous cet aspect ?

Anthony : Même si c’est un aspect inhérent aux différents styles musicaux que l’on aborde, on ne se pose pas vraiment la question de la durée d’un morceau lors de sa composition. On ne cherche pas à faire long pour faire long, ce qui serait stérile, mais plutôt à composer un titre dans sa globalité, en prenant en compte le fait que parfois il est nécessaire de faire durer un riff pour structurer correctement le morceau.

Vous avez tout fait vous-même pour sortir l’EP (du mix au mastering). N’étiez-vous pas tentés de rentrer en studio avec un professionnel et comment s’est passé l’enregistrement ?

Côme : Le son n’a beau être le métier de personne dans le groupe, ça fait quelques années que je bidouille chez moi. Ça m’intéressait de m'occuper de l’EP, quitte à ce que ça prenne pas mal de temps. On a enregistré dans notre local de répète, qui à défaut d’offrir une acoustique digne de ce nom nous a permis de prendre notre temps. Pour l’anecdote, toutes les prises sur l’enregistrement de cet EP ont été faites avec des SM57, sauf la grosse caisse... là, on a cassé la tirelire, faut pas déconner!
Bien qu’il y ait pas mal d’alternatives possibles très correctes au gros studio pro, ça restait pour nous difficile financièrement de sortir suffisamment d’argent pour passer quelques jours en studio. Et puis cet EP reste aussi pour nous une démo, du coup le côté DIY de la prod lui va plutôt bien.

Un petit mot sur l’artwork et KOA ?

Anthony : Cela fait quelques années que je le connais, il fait aujourd’hui partie de mes meilleurs potes. J’ai découvert l’artiste après le personnage, et je dois avouer que son boulot m’a séduit. Quand il a fallu se pencher sur l’artwork, il a évidemment été une des premières personnes auxquelles j’ai pensé, aux vues de son boulot et de ses gouts musicaux. J’en ai donc parlé aux autres membres du groupe et les ai fait se rencontrer lors d’une exposition parisienne à laquelle il participait. On cherchait un artwork assez marqué, qui traduirait visuellement ce que l’on voulait faire passer comme message au travers de notre musique et vu les réactions très positives que celui-ci a suscité, je pense que ce choix était le bon.

Recherchez-vous un label pour votre prochaine sortie ou désirez-vous continuer de manière DIY ?

Anthony : Le DIY a ses avantages et ses inconvénients. Il permet d’être totalement libre de toute contrainte et dans le même temps, te limite sur ta diffusion. Avoir une structure, avec des gens calés dans ce qu’ils font, serait une très bonne chose pour le groupe, mais on ne veut pas non plus se retrouver étouffé par l’étiquette que pourrait porter tel ou tel label. De plus, la recherche d’un label se révèle au moins aussi difficile que de booker une tournée, je pense que n’importe quel musicien indépendant comprendra de quoi je parle, si je dis que sur 300 mails envoyés, 250 à 270 restent lettres mortes. En résumé, la priorité reste actuellement la composition d’une nouvelle galette, pour le reste, chaque chose en son temps.

Lors des concerts, laissez-vous une part à l’improvisation ou préférez-vous un show bien rodé ?

Côme : On essaie plutôt d’être carrés en live. Bon, l’énergie et l’ambiance sur un morceau peuvent changer d’un concert à l’autre, mais on ne change pas la structure d’un morceau en cours de route. Ceci dit, on pourrait bien s’y essayer dans un futur proche!

Anthony : Plus que sur la structure d’un morceau, on préfèrera probablement se pencher sur un autre aspect très important pour la musique que l’on joue, à savoir le rendu scénique. On oscille entre certains passages très lourds et d’autres beaucoup plus rapides et chaotiques, du coup on essaie vraiment de traduire ça par un « jeu de scène » adéquat, en portant une attention toute particulière à ce que l’on peut faire sur scène, ainsi qu’à  travailler l’ambiance, pour faire du show quelque chose de particulier, qui ne serait pas que la simple reproduction de nos morceaux en live.

Vous avez déjà partagé la scène avec des groupes bien connus du milieu. Quel est lequel qui vous a mis la plus grosse claque ?

Anthony : Jusqu’à présent on a essentiellement joué avec des groupes français, et je dois avouer que la scène qui se développe depuis quelques années dans ce pays commence vraiment à avoir de la gueule. Nous ne sommes pas une terre de tradition rock et la musique indé y a vraiment la vie dure. On a donc pu partager la scène avec pas mal de groupes intéressants, dont certains sont devenus ou sont en passe de devenir des potes. Chacun dans leur style, ils nous ont mis des claques. Pour t’en citer quelques uns,  les parisiens de Le Dead Projet, Inertia Pills, et Lost In Kiev, et la scène toulousaine qui déborde d’excellents groupes comme Selenites, I Pilot Daemon et Plebeian Grandstand.

Citez-moi une influence commune dans Valve et pourquoi ?

Anthony : Terrain glissant hahaha. On a des influences diverses et variés et il serait difficile de n’en citer qu’une seule.

Côme : Effectivement, on écoute pas forcément tous la même musique en rentrant à la maison mais je pense qu’il y a quand même des noms qui nous mettent tous d’accord comme Yob ou Mastodon.

Aurais-je oublié de mentionner quelque chose ?

Anthony : Je ne pense pas. Merci à toi pour cette interview, et un grand merci aux gens qui nous soutiennent, ainsi qu’aux groupes avec qui on a pu partager la scène jusqu'à présent.

Côme : Merci!
Etienne
Photos live par Samed Hajji.