Sorti cette année, "Black Mouths" assoit un peu plus The Prestige comme un des groupes espoirs de la scène post hardcore française. Afin d'en savoir un peu plus sur les tenants et les aboutissants du groupe, une petite discussion par mail a été nécessaire avec Alex, guitariste chanteur très disponible du quatuor. Au programme, bonne humeur et bon état d'esprit !
Raphaël : guitare.
Thibaut : batterie.
Julien : basse.
Alex :
Plutôt pas mal et toi ? On ne va pas tarder à partir répéter, là. « Black
Mouths » est sorti il n’y a pas longtemps.
À chaud,
est-ce qu’il y a quelque chose que vous auriez peaufiné ou l’album est pile
comme vous le vouliez ?
Alex :
Il est comme nous le voulions quand on l'a écrit, enregistré, mixé et
masterisé. Et ça, c'est essentiel. Il a été enregistré il y a un an et il
correspond à une photographie du groupe à ce moment là. Ce ne serait pas intéressant
de vouloir modifier quelque chose sur l'album aujourd'hui. On ne s'est jamais
posé la question en fait. Le seul regret c'est que Julien – qui est entré dans
le groupe à la basse après l'enregistrement – n'a pas participé à la
composition.
Vous avez
enregistré avec Amaury Sauvé (Birds in Row, Calvaiire, Comity…) dans une
chapelle. Pouvez-nous raconter le déroulement des sessions et les rapports avec
Amaury ?
Alex :
L'album a été produit par Guyom Pavesi (Die On Monday, Headcharger,
Anathema) c'est à dire qu'en amont des sessions d'enregistrement nous
avions déjà préparé le son de l'album, avec des préproductions notamment et en retravaillant
certaines parties. Quand nous sommes arrivés chez Amaury à la chapelle du
Moulin de Favry, nous avions besoin de lui pour assister Guyom durant
l'enregistrement. Il travaillait donc dans la régie avec un travail très
technique (machines, ordinateur, édition, etc). Ce n'est très certainement pas
l'expérience d'enregistrement la plus fun pour lui mais nous retravaillerons
très rapidement avec lui dans quelques mois pour un beau projet.
Et avec
Magnus Lindberg ?
Alex :
Nous avons contacté Magnus par email pour qu'il mixe notre album. Il a
accroché aux compositions et aux choix de production très indie rock. Nous
l'avons rejoint pour deux semaines Stockholm dans les studios du groupe
Millencolin avec uniquement du matériel analogique. Ça a été une expérience
incroyable pour nous, et très très froide. À notre arrivée en Suède il faisait -20°C et il y avait presque 60 cm de neige dans les rues.
Que
signifie « Black Mouths » ?
Alex :
« Bouches noires »? (rires) Le titre de l'album résume les paroles
dans leur intégralité, c'est un peu le point commun entre toutes les chansons.
De quoi
parlent les textes ?
Alex :
De beaucoup de choses, d'un événement de ma vie, d'une situation dans
laquelle j'ai été ou juste un sentiment que je ressentais. Je n'aime pas trop
en parler mais pour comprendre le sens principal des chansons il faut trouver
une phrase clé qui va permettre de donner du sens aux paroles qui peuvent au
premier abord paraître un peu décousues.
J’ai trouvé
que votre style en « A Serie of Catastrophes and Consequences » et « Black
Mouths » est complètement différent. Mis à part le grain de voix d’Alex, j’ai
eu du mal à reconnaitre le Prestige de 2009. Êtes-vous d’accord ?
Alex :
Oui, carrément ! Quand on a écrit « A Serie Of Catastrophes And Consequences »,
on voulait juste faire un essai, voir ce qu'on pouvait écrire dans un style déjà
vu. C'était efficace mais assez classique. Là, on a voulu donner une vraie
personnalité au groupe, qui ferait un pont entre nos influences très rock et
indie, et la musique hardcore punk que l'on joue. Pour « Black Mouths », on a
composé sans se donner de limite de style, on voulait juste jouer ce qui nous
plaisait et ce qu'on aimerait jouer pendant une ou quelques années.
Vous ouvrez
pour Dillinger Escape Plan. Que représente ce groupe pour vous ?
Alex :
Deux claques : la sortie de « Miss Machine » (deuxième album
du groupe et dernier avec le batteur Chris Pennie, second pilier avec le
guitariste Ben Weinman. Ndlr) qui nous a mis par terre et les lives
absolument incroyables du groupe. La première fois que j'ai vu une vidéo d'eux,
c'était pour le DVD de Miss Machine qui tournait dans le studio où on répétait en
2004 avec notre premier groupe. On est resté scotché par la technicité et la
violence de leur concert et par leur capacité à passer du chaos à une vraie
mélodie. Jouer aujourd'hui avec eux est une vraie fierté pour nous.
Si notre
Johnny Belge national vous propose de tourner avec lui, sans parler du fait que
c’est une consécration pour tout groupe, comment aborderiez-vous l’aspect «
show dans des stades » ?
Alex :
Justement, on joue très rarement dans des grandes salles. Pour Dillinger Escape
Plan au Trabendo, on va juste jouer comme on joue dans un squat, sauf qu'on
sera sur une scène. Mais si ça devient assez récurrent on va mettre constituer
une petite équipe qui nous suivra histoire de construire un vrai show, sans
tomber dans les clichés du rock de stade. On ne veut pas être U2, on veut juste
garder un côté naturel et brut sur scène, qu'elle soit petite ou grande, devant
1000 personnes ou devant 3 junkies en Pologne. Mais j'avoue pousser un « Que
je t'aime » avec Jojo sur scène c'est le kiff quand même.
Et faire
une tournée de squats dans les pays de l’Est ?
Alex :
Putain, ça pourrait être mortel. On n’a pas encore eu l'occasion de faire
ça mais j'aimerais vraiment qu'on aille jouer par là bas dans quelques mois. On
a joué dans un squat en Suisse à Lausanne, 'La Hache', avant sa fermeture. Un
mec était venu nous voir au concert que l'on jouait vers 21h et en sortant de
scène il vient nous voir et nous explique qu'il a besoin d'un groupe pour un
show de dernière minute en centre ville, dans ce squat. Malgré la fatigue on a
accepté et ça a été un de nos meilleurs concerts. On a joué à 2h du matin, les
mecs se jetaient sur nous pour chanter, les bières volaient dans la pièce. Le
chaos total. Donc c'est quand vous voulez pour les squats des pays de l'Est !
On ne parle
pas souvent de l’ambiance dans le groupe. Comment est-ce chez vous ? Studieux,
idiot, normal, chacun pour soi ?
Alex :
On est très calme mais prêt à foutre la merde quand tu ne t’y attends pas.
Quand on travaille on est assez studieux mais les répétitions finissent
rapidement au resto.
Ai-je
oublié quelque chose ?
Alex :
Que l'on peut voir notre premier clip issu de Black Mouths sur notre page
Facebook ou Youtube. Il a été réalisé par notre copain Berzerker et nous en
sommes très fiers. On tient encore à remercier nos labels pour nous permettre
de sortir l'album dans les meilleures conditions. Et merci à toi pour
l'interview, et merci à tout ceux qui nous lirons !
Etienne
Photos live par Original Rock et Bob Pics.