L’idée et l’élaboration d’un concept album n’est pas chose
aisée. Porté par un sujet ou une passion, le thème (ou concept) peut être amené
de manière volontaire à travers la carrière du groupe (je pense aux
égyptologues de Nile) ou (semi) involontairement sur un album, comme le
cultissime « Antichrist Superstar » de Marylin Manson qui, lors de l’enregistrement,
partait très mal dû à une prise massive de drogues/alcools/prostituées. Loin
des pharaons et des chrysalides, Nocturn Deambulation propose néanmoins un
univers inventé, de la musique à l’histoire en passant par les graphismes, par Frédéric
Modine (ancien membre d’And Summer Dies). Après la démo de 2008 « Specular
writing : Preliminary before the redemption », le guitariste compositeur a
sorti en 2011 l’album « The Grand Opening » soit 10 chansons pour 50
minutes. Dès le premier morceau, la musique du Nantais se veut complexe et
orchestrale. Dans le jeu des guitares, on peut retrouver du Necrophagist avec
cette touche death présente aussi avec les voix. Les arrangements symphoniques et
autres violons font évidemment penser à Dimmu Borgir ou Emperor mais on sent
véritablement un penchant pour la musique classique. Au-delà du style, le
concept est présent sur tout l’album notamment dans les textes mais aussi avec
des samples de mécaniques et autres écrous. L’histoire de l’horloger tentant de
contrôler le monde avec son armée d’automates (pour faire bref) s’étale bien à
travers le CD, entrecoupé de morceaux instrumentaux tels des interludes. L’ambiance
malsaine et inquiétante se fait très bien ressentir, tant dans les graphismes
que dans les chansons. Elle me rappelle celle du jeu « Bioshock », impression
surement aussi aidée par les motifs de cirque des années 50 et les mécanismes. Complet,
dense, rude et cohérent peuvent être des mots qui résumeront bien l’œuvre de Frédéric
Modine mais ne pourra pas se mettre entre toutes les mains. Les techniciens et
musiciens en auront pour leur compte, tout autant que les amateurs d’histoires
tandis que certains le trouveront excessif ou encore surchargé. Face à un tel
travail, je ne peux que vous encourager à tendre l’oreille, ne serait-ce que
pour le connaitre. Le choix vous appartiendra ensuite d’en rester là ou de
pénétrer dans « The Grand Opening ».
Etienne