Après la sortie de leur premier album en 2006 (et d’autres
galettes entre temps), revoici Kehlvin avec un deuxième opus très attendu par
la communauté des aficionados de musique lente, lourde, tordue, distordue et
j’en passe. Disponible via Division Records, « The Orchard of Forking
Paths » est un brûlot de 8 chansons imposant encore plus les Helvètes,
avec leurs comparses d’Unfold, au Top 10 du Sludge Hardcore européen. Laissant
un peu de coté les passages purement instrumentaux pour s’adonner aux riffs massifs
et catatoniques, le quintet démontre un sens aigüe de la mélodie inquiétante et
entêtante tout en faisant preuve d’une certaine finesse et d’un groove en béton
armé (telles les ghost notes du batteur, à chaque fois bien placées, pour ne
citer qu’elles). On peut d'ailleurs penser à Gaza à certains moments, dans l'intensité et la violence. Enregistré au Studio Mécanique par Julien Fehlmann (Yog, The
Ocean, Unfold…) et masterisé par Brian Lucey (Black Keys…), « The Orchard
of Forking Paths » est doté d’un son chaleureux mais sombre, naturel mais
puissant. Il permet d’assoir un peu plus les compositions dans cette atmosphère
pesante et écrasante si spécifique à la scène suisse alors que les minutes
défilent et la délectation d’écouter cet album persiste. Kehlvin signe là un
beau retour sur la platine en proposant une intéressante mutation de sa griffe,
se rapprochant un peu plus d’une structuration plus « conventionnelle »
des morceaux. Je ne sais pas ce qu’il se passe de l’autre coté de la frontière
mais la qualité suisse musicale est toujours au rendez-vous. De quoi attiser
quelques jalousies…
Etienne