C’est avec une grande tristesse que j’ai appris ce weekend la
fin du seul café-concert sur Narbonne où l’éclectisme prévalait sur la
rentabilité, où la bonne ambiance était de mise par rapport à une morosité
ambiante (gouvernement, crise financière, relations sociales biaisées, allez
savoir…).
Le Bar Île a été formé, fondé et construit par Le Duc et Gringo, il y a de ça un an avec l’aide de nombreuses mains habiles (dont Gwen
pour les fresques). Avec l’association Nosedungs, cette arrivée fût accueillie
comme une véritable bouffée d’air car le manque de structures et/ou d’infrastructures
faisait cruellement défaut dans notre ville natale, depuis l’arrêt du Cèdre de
Marcorignan, du Fair Play, de l’Art Bar, du Cyrano et de la Bodega. La seule date
officielle reste bien évidemment la Fête de la Musique mais quel dommage (et
quel gâchis !) de voir tant de formations locales, engendrées ou pas par
le Hangar Musical, coupées net dans leur élan à cause d’une absence de lieu
adéquat pour jouer devant un public. D’Ysun à Hell Paradise en passant par
Jacca, 11 Sang Sale, Electric Ducks, Tears of Hope ou encore Quartet Aqueux, la
liste est (très) longue et le panel de style infini, prouvant que Narbonne n’est
pas une ville morte musicalement, que la prolifique scène locale ne demande qu’à
concrétiser les heures de travail en concert que ce soit dans un bar ou en
première partie d’une tête d’affiche nationale (on pense au Porte Voix du Label
ID, souvent desservi par l’acoustique du Palais du Travail, salle des fêtes et
non salle de concert). Le Bar Île fût donc salvateur dans ce sens car l’ouverture
des patrons permit à une flopée de groupe de venir faire découvrir leur univers
(I.M.O.D.I.U.M., Subcity Stories, Verdun, Bran Terror, Apache et le Qincho, les
Potes du 31, Tremix, Jano Moreno, Ex Machine…), aux locaux de proposer leur set
ou/et de faire la fête avec les copains (Ysun, Grip, Electric Ducks, Resentful
Mind, Blood of the Night, Captain Stark, Floating Wood…) et à des jeunes
formations de débuter sur une scène (Smooth Le Groupe, DLC, Vibrozeur…). Issus
de la musique, Le Duc et Gringo furent ouverts à tous et bon nombre de partenariat
en découlèrent (avec Nosedungs, Le Troll Exy’t, le Label ID…), avec un accueil
toujours royal. Cet arrêt malheureux survient au moment où le bar commençait à
se faire connaitre dans les circuits des tourneurs, divers et variés, qui
auraient pu contribuer au rayonnement musical et à l’effervescence sur Narbonne.
Il est donc regrettable de voir, encore une fois, disparaitre un lieu d’échange
et de rencontre en tous genres (on se souvient de l’exposition photo de Nicolas Simo couplée avec le concert de Verdun, quel autre bar en ville aurait fait ça ?).
Dans ce sens-là, le soutien de ce genre d’endroit est primordial voire crucial
pour ne pas faire tomber notre « Carrefour de l’Europe » dans un vide
musicalo-culturel intersidéral pour les jeunes (et les moins jeunes !).
Malheureusement, le coupable est difficile à trouver car il n’y
en a pas ou il est difficile à cerner. Certains pointeront la crise et le
manque d’argent (public et organisateurs) du doigt, d’autres accuseront un
laisser-aller des gens dans leur curiosité. Pas de conseil, pas de solution
miracle à donner mais il faudrait simplement une volonté d’entraide entre tout
le monde. Narbonne n’est pas Toulouse, Lyon ou Paris, elle restera une ville
moyenne (par rapport au nombre d’habitant) mais a un potentiel indéniable. Aux
acteurs locaux (associations, groupes et public) d’organiser l’entraide et de
montrer aux autres agglomérations que l’on peut venir y jouer, que les gens se
déplacent et sont curieux (dans des proportions raisonnables). Ce n’est pas
impossible, cela s’est fait à Tarbes avec Jean-Louis et le Celtic Pub ou encore
au Raymond Bar à Clermont Ferrand. Je pense aussi au O’Bundies de Marseille, au
Up and Down à Montpellier, aux Pavillons Sauvages à Toulouse… La liste des
endroits où l’état d’esprit compte autant (voire plus) que l’argent est longue
et les endroits pléthores mais c’est à tout le monde de mettre la main à la pâte,
de trouver le meilleur mode de fonctionnement, de diffusion d’informations et d’organisation
pour aider ces gens à poursuivre leur but, celui de faire vivre une scène
souvent mal comprise, repoussée et de permettre la (re)création d’un lien
social entre des personnes qui ne seraient peut être jamais rencontrées lors d’une
soirée.
Un autre lieu s’est formé récemment à La Palme, Le Paradox. Même
si la distance parait relativement longue par rapport à Narbonne, il serait bon
de soutenir ce bar associatif inscrit dans la même lignée que le Bar Île :
proposer des concerts originaux dans une ambiance conviviale. Un beau projet
qui ne pourra perdurer seulement avec l’aide des « locaux », ces
personnes qui forment la scène narbonnaise (et ses communes autour). Que ceux
qui se plaignent de ne pouvoir rien faire se prennent par la main et s’inscrivent
dans ce mouvement, de n’importe quelle manière que ce soit et à n’importe quelle
fréquence mais si chacun s’y met, c’est toute la communauté musicale
narbonnaise qui (sur)vit.
À bon entendeur.
Etienne
Un grand merci au Duc et à ses trois autres associés pour avoir insufflé du rock à Narbonne pendant toute une année.