Black Knives (Hardcore)

8 Control est mort, vive Black Knives ! C'est sûrement ce que l'on trouvera dans les nombreux autres papiers qui fleuriront au sujet du nouveau groupe de hardcore toulousain. Afin de découvrir un peu l'univers et l'état d'esprit des Couteaux Noirs, une petite discussion avec Éric, le chanteur du quintet, m'est apparue comme une bonne introduction en la matière et un petit avant-goût de ce que est leur premier EP « The Rise ».

Eric Estrade : chant.
Kevin Le Floch : guitare.
Etienne Dumas : guitare.
Thomas Pedotti : basse.
Bastien Lafaye : batterie.

Salut ! Avant d’entamer les hostilités, pouvez-vous me raconter les raisons de la fin de 8 Control (Black Knives est composé de ses derniers membres) et l’avenir des morceaux prévus pour « Being here doesn't meen you belong » ?

Éric : On a décidé de mettre un terme à 8 Control pour plusieurs raisons. Sans entrer dans les détails, disons que le fait qu'il n'y ait plus un seul membre d'origine, que le groupe a eu de nombreux changement de line-up et de style y sont pour beaucoup. Plus simplement, on voulait vraiment se lancer dans un nouveau challenge. Qu'il y ait justement ce côté nouveau et qu'on se retrouve à être tous les cinq fondateurs du groupe.
« Being here doesn't mean you belong » ne sortira pas. 8Control est bel et bien terminé. Il nous reste juste un peu de merch qu'on avait en réserve mais une fois qu'il aura été écoulé, il ne se passera plus rien du tout pour 8 Control, c'est définitivement fini...

Qui est Black Knives ?

Éric : Black Knives c'est Kevin Le Floch et Etienne Dumas aux guitares, Thomas Pedotti à la basse, Bastien Lafaye à la batterie et moi-même (Éric Estrade) au chant. Comme je ne sais pas si ça répond exactement à ta question, je complèterais en disant qu'on est un groupe de Toulouse et qu'on joue de la musique saturée et puissante. On vient tout juste de sortir un CD 4 titres « The Rise » qui est le meilleur moyen de découvrir le groupe.

Le nom du groupe est-il un clin d’œil à Black Flag (les couvertes de « My War » ou « Everything went Black ») ?

Éric : Pas du tout ! On a eu un petit débat interne pour le nom du groupe où on a chacun proposé des trucs et au final, on a tranché pour celui-là qu'on trouvait cool. Perso, avant ta question je n’avais absolument pas fait le rapprochement avec Black Flag. C'était pas du tout l'intention au départ mais ça va, il y a bien pire comme rapprochement à effectuer.

Vous allez assurer la première partie de Devildriver et de Cancer Bats en juin. Penchez-vous plus vers l’un ou vers l’autre en termes d’influences ?

Éric : En termes d'influences directes, j'ai envie de dire ni l'un, ni l'autre. Ce n’est pas vraiment là qu'on va chercher notre inspiration pour Black Knives. Après, ça reste du rock donc on est forcément pas très loin. À titre perso, j'écoute plus de trucs dans la veine de Cancer Bats que de Devildriver. Mais de toute façon, ce n’est pas ce qui influe vraiment sur les compos de Black Knives.

Au début de 8Control, les paroles étaient en français et depuis « You should have care » jusqu’à Black Knives aujourd’hui, vous avez choisi l'anglais. Pourquoi ?

Eric : Au moment où j'ai pris l'aventure 8 Control en route, le chant se faisait en français. Donc j'ai continué à chanter les morceaux existants en français et à les écrire comme ça aussi. Et puis, je me suis tourné vers l'anglais. Finalement, c'est quand même une langue qu'on a beaucoup plus l'habitude d'entendre sur ce type de musique et au niveau du chant, je me sens vraiment plus à l'aise en anglais. Depuis, on a pas mal joué à l'étranger et là aussi, c'est beaucoup plus fédérateur de chanter en anglais car sinon les gens passent complètement à côté des textes et d'autres trucs comme les sing along, impossible à avoir si le chant n'est pas en anglais. Donc on en a discuté entre nous et on a décidé de changer dans 8 Control à ce moment là. Avec le recul, je trouve que c'était le bon choix donc désormais pour moi la question ne se pose absolument pas et il était totalement naturel de chanter en anglais avec Black Knives

Le mosh, la participation du public et l'attitude du groupe sur scène sont très importants pour la scène hardcore. Quels ingrédients faut-il pour assister à un bon concert de Black Knives ?

Éric : Pour un bon concert de Black Knives, je dirais qu'il faut juste du fun en fait ! La musique est ce qu'elle est, on a parfois l'impression d'être très sérieux quand on joue, mais au final quand quelqu'un va à un concert, c'est pour passer un bon moment. Et c'est aussi notre cas quand on joue. Donc si les gens sont là pour kiffer, ça devrait être un bon concert... Nous, on va essayer qu'ils kiffent facilement en ayant un bon gros son et comme tu le disais une bonne attitude sur scène. Après, même le fait de mosher n’est pas obligatoire. Ça nous fait bien sûr hyper plaisir quand le public est réceptif et participe au concert (ça veut dire qu'il kiffe, on en revient à ça !) mais il y a plein d'autres choses que le mosh (et 10 000 façons différentes de mosher) pour ça... Même si ça, ça fait forcément plaisir aussi !

En tournant partout en France et même un peu plus loin, vous avez pu voir comment se développaient les scènes hardcore locales. Celle de Toulouse est-elle bien placée ou un peu à la traîne ?

Éric : Pour ça je te sors la réponse la plus facile du monde : tout est relatif.
Honnêtement, je ne me vois pas là me plaindre sur la scène toulousaine. On a plein de groupes et plein qui jouent partout en Europe. Certains concerts sont pas blindés mais ça va de mieux en mieux, on a un label et une distro maintenant avec Useless Pride, pas mal d'organisateurs de concerts tous très cools. Du coup, pas mal de concerts. Vraiment y'a pas à se plaindre. Après, on reste une ville française et c'est pour ça que je disais que tout est relatif. La scène française est quand même à la ramasse par rapport à l'Allemagne, la Belgique ou dans un autre genre ce qui se fait en Angleterre. Mais à l'intérieur de la scène française, on n’a vraiment pas de quoi se plaindre ou rougir, on est carrément bien placés !

Depuis quelques années, les mouvements vegan, straight edge ou encore Peta sont très en vogue chez les jeunes. Pensez-vous que c'est une bonne chose ou est-ce un effet de mode ?

Éric : Alors déjà tu me l'apprends. Je pensais justement que c'était un peu passé de mode... Je pense que pour le régime alimentaire et le fait d'être SxE ou pas, de toute façon c'est un choix vraiment personnel. Ce que je veux dire c'est que c'est limite comme les opinions politiques, ça ne regarde que toi en fait. Ma position là dessus c'est : choisis ce qui te correspond le mieux et ce avec quoi tu es le plus en accord et fais ta vie dans ce sens et sois respectueux de ceux qui n'ont pas fait le même choix de vie. C'est comme ça que je fonctionne, je ne dis pas que c'est la meilleure des façons mais c'est la mienne. Le militantisme sur ça ne me dérange absolument pas tant que ce n’est pas du prosélytisme bête et méchant (heureusement c'est assez peu souvent le cas).
Pour info, dans Black Knives on a un végétarien, un végétarien et SxE et trois membres du groupe qui ne sont ni l'un ni l'autre et il n'y a jamais la moindre embrouille à ce sujet.
Pour ma part, en tant que végétarien depuis plus de 14 ans, forcément dans un coin de ma tête j'ai le doux rêve qui ne sera jamais réalisé que tout le monde soit un jour végétarien. Mais comme je te le disais, au final c'est une décision très personnelle et je n’ai pas envie de l'imposer à qui que ce soit ou même de fatiguer les gens avec ça. Là, j'en parle parce que c'est le sujet de ta question sinon j'en par le même pas directement en fait...
Pour le côté effet de mode... Ça a ses avantages et ses inconvénients, comme tout effet de mode : beaucoup de gens vont faire ça pour suivre la mode sans réelles convictions derrière et laisser tomber dès que ça sera plus à la mode. Mais si ça peut faire découvrir le truc à des gens qui s'y reconnaissent, c'est déjà ça...  

En parlant de tournée, comment organisez-vous vos tournées entre trouver des dates, les moyens de transports, les cachets, les disponibilités de chacun...?

Éric : Ben justement c'est le bordel ! Ahaha ! C’est un peu la bataille en vrai, mais bon  c'est comme ça !
Effectivement, on a tous ces aspects à prendre en compte donc ce n’est pas toujours très simple, mais c'est soit ça, soit on reste à la maison donc pour nous le choix est vite fait... Des fois on arrive facilement à concilier tout ça et donc ça roule, des fois on n’y arrive pas et des plans capotent. Mais comme tout groupe qui commence à tourner un petit peu en fait...
On est quand même tous assez à fond sur le groupe et si des fois on a des obligations professionnelles à côté qu'on ne peut esquiver, tout le monde fait l'effort de gérer ça au mieux pour être dispo quand on a des dates. Après il faut les trouver et ça représente un sacré boulot en temps et en investissement. 
Etienne