Weaksaw (Metal)

La scène metal montpellierraine a toujours été propice à des formations taillées pour la scène nationale. On peut citer parmi tant d'autre Hypnose, Scorch ou encore Eyeless. Aujourd'hui, la relève est clairement en place avec, en fer de lance, WeaksaW. A l'occasion de la sortie de leur premier album, retour sur le parcours et le futur du groupe avec Erwan , Léo et Charles.
Léo Sendra : guitare.
Bryan Tronquet : batterie.
Charles Villanueva : basse.
Tristan Haillot : chant.
Erwan Billon : guitare.



Salut, pouvez-vous nous raconter l'état d'esprit actuel dans lequel est aujourd'hui WeaksaW, entre la sortie du premier album et le début de la tournée promo ?

Léo : La Dalle. Envie de jouer, de composer, de progresser, bref d'avancer. On va tout faire pour !

Erwan :  Léo a bien résumé le truc. On essaie de travailler un maximum, que ce soit du purement technique, en individuel et en groupe, ou au niveau du jeu de scène. On veut franchir les palliers petit à petit, en essayant d'être de plus en plus carrés, organisés et énergiques sur scène, et en même temps continuer le travail promo autour du groupe (recherche de dates, communication autour de la sortie du premier album, clip etc...). On essaie de garder la tête sur les épaules, mais une chose est sûre, on va essayer d'emmener WeaksaW le plus loin possible.

Charles : On s’imprègne beaucoup des plus grands, notamment pour la scène. On les analyse, on mate pleins de vidéos de concert. Pour ma part le dernier truc qui m’a vraiment soufflé, c’est Alive de Meshuggah. Notre but, c’est de faire un show super carré et que les gens se disent à la fin du concert «   merde ! C’était vraiment costaud ». On a remarqué qu’il y a beaucoup de travail à ce niveau là, mais ça ne nous fait pas peur.

Comment vous y êtes vous pris pour composer ? Était-ce naturel ou compliqué ?

Erwan : L'enregistrement du premier album remonte à février 2010. La première phase de composition a eu lieu en juin 2009 si mes souvenirs sont bons. Léo apporte la plupart des chansons, on écoute les préprods tous ensemble et chacun donne son avis. On commence alors à bosser les morceaux qui nous plaisent en groupe, on en élimine certains, on en modifie d'autres, et une fois qu'on se sent prêt, on bloque une date pour l'entrée en studio. Tout le processus commence à être assez naturel, même si je dois t'avouer qu'on s'est bien cassé les dents sur certains morceaux avant d'être capable de les rentrer (les triples croches récalcitrantes qui transforment ton poignée droit en petits suisses, tout ça...)

Vous avez enregistré comme à votre habitude avec Ole au Trendkill Studio. Pourquoi avoir décidé de recommencer avec lui plutôt qu'un autre ?

Erwan : On commençait à bien connaître Ole, à avoir l'habitude de sa façon de travailler et on était satisfait du boulot qu'il avait fait sur la démo et l'EP. C'est quelqu'un qui sait de quoi il parle, il a tourné avec Eyeless, a bossé avec Jason Suecof. Il connaît bien le monde du metal moderne et les dernières productions qui sortent. De plus, son studio est à 30 min de route de chez nous, ce qui est quand même très confortable. Et y'a une Xbox. Et une borne de jeux vidéos d'arcade. Et une piscine en plastique dans le jardin.

Charles : Je trouve ça cool de travailler avec quelqu’un d’extérieur au groupe. Dans le sens où le mec va avoir une idée sur des intros, des breaks, des fin de morceaux et tout ça,  auxquels t’aurais jamais pensé. Ole est fort pour ce genre de truc. Il a vraiment apporté un plus à l’album et je le remercie pour ça.

Aviez-vous fait des pré prods avant pour tester des choses ou l'avez-vous directement fait avec Ole ?

Erwan : Comme je te le disais plus haut, on bosse sur des préprods avant de mettre les pieds en studio, afin de gagner du temps (et de l'argent) et d'être vraiment à l'aise avec nos titres lors de l'enregistrement.

De quoi parlent les textes ?

Léo : De metal…

Erwan : De la mort, de la fin brutale de la vie, de la devastation, des poneys roses et bleus, du sang, de la souffrance ultime, des trucs coincés entre les dents... Un tout petit peu plus sérieusement, y'a rien de bien extraordinaire, on va chercher notre inspiration dans ce qu'on lit, regarde ou vit, de Cormac McCarthy à Lovecraft. En gros c'est pas super gai, les thèmes tournent souvent autour de ce après quoi l'espèce humaine court sans jamais parvenir à le saisir. Tout ce qui peut être chouette à hurler, en évitant d'utiliser “Sataaaaaaaaaaaaaaaan”, “Blood”, “Nightmare”... On a même certains textes un tant soit peu positifs.

Charles : C’est vrai que dans le metal les sujets sont un peu restreints. Mais bon, certains thèmes sont beaucoup plus intéressants que d’autre. On essaye de se tourner vers ceux là.

Comment s'est faite la rencontre avec Klonosphere ?

Erwan : Je ne te cache pas qu'on a pas mal galéré à trouver un deal correct pour sortir cet album... J'ai contacté directement Guillaume de Klonosphere en mars 2011, via un mail type que j'avais déjà envoyé à plusieurs labels, et puis on a commencé à discuter. Le reste s'est fait naturellement (plan promo, planification de la sortie d'album etc...). Ce qui nous a attiré chez Klonosphere, c'est tout d'abord leur catalogue (Dwail, Nephalokia, Trepalium, Klone etc...), mais également le fait que Guillaume, le “boss” de la structure et guitariste de Klone, soit un musicien qui a de l'expérience et comprend donc très bien les attentes d'un jeune groupe dans le cadre de la sortie et de la promo de son premier album.

Comme vous avez dû lire dans ma chronique de votre album, j'ai été un peu déçu de retrouver du déjà entendu et un manque d'originalité. Que pouvez-vous rétorquez aux bornés dans mon genre ?

Léo : On ne peut pas t'en vouloir ! Bien sûr que des influences se ressentent, ce n'est que notre premier album, qu'on a galéré à placer, il a donc déjà deux ans et demi d'ancienneté… On a fait du chemin depuis niveau compo, et on compte le montrer assez rapidement.

Erwan : Et puis tu nous compares à Meshuggah, Lamb of God ou Gojira, ce que je trouve quand même très flatteur ! Je n'ai peut être pas encore assez de recul vis-à-vis de l'album (on en joue toujours une bonne partie sur scène), mais j'ai du mal à me dire : “Tel riff sonne LOG, tel autre Meshuggah...”. Après il est clair qu'on ne révolutionne pas le metal avec ce premier album, mais on a jamais prétendu le contraire. Et enchaîner les triples croches comme des sauvages, c'est tellement cool !

Quelles sont vos influences ?

Léo : Un peu de metal, un peu de downtempo, beaucoup de musique instrumentale tous styles confondus.

Erwan : Il y a quelques groupes qui font l'unanimité au sein de WeaksaW : Hatesphere, Lamb of God, Textures... Personnellement, j'ai un gros faible pour le post rock (This Will Destroy You, Pelican, God Is An Astronaut etc...) et le death un peu costaud (Hate Eternal, Origin, Beneath The Massacre...). Un peu de djent également. Bref, on peut retrouver de petites traces d'un peu tout ça dans certains morceaux de WeaksaW.

Des membres de Weaksaw ont monté un studio, vous êtes distribués nationalement et vous allez partir en tournée. Comptez-vous devenir intermittents ou est-ce une passion que vous vivez très sérieusement ?

Léo : Pour ma part, je pense qu'être intermittent ne doit pas être une finalité… On en reparle dans quelques années. Je vis des cours de guitare, qui marchent de mieux en mieux depuis que j'ai monté une vraie structure (travailleur indépendant), de compositions externes… Bien sûr, si on se retrouve un jour avec 80 dates par an, la question ne se posera plus.

Erwan : Dès les débuts du groupe, on sentait bien que tout le monde voulait tendre vers le maximum de professionnalisation. On a pas changé d'optique, je pense que chacun de nous veut pousser le groupe le plus loin possible. Mais il est vrai que pour l'instant, on est très loin des 507 heures.

Charles : Avec Tristan on s’est découvert une passion en commun pour le studio. L’enregistrement, la production, les arrangements, la post production, le sound design et j’en passe. Passer des heures à tenter de maitriser le son afin d’obtenir un rendu extra, c’est vraiment génial. Long mais génial. Ou se barrer à 3h du matin pour faire des prises de son pour un cours métrage, c’est vachement excitant. C’est une autre facette de la création qui nous botte vraiment.

Quel regard portez-vous sur la scène metal montpelliéraine et languedocienne ?

Erwan : J'ai l'impression que la scène régionale se porte plutôt bien, avec des groupes qui envoient comme il faut : Floating Wood par exemple, le prochain EP s'apparente à une grosse claque dans la bouche, et sur scène t'as l'impression que des semi-remorques te tombent sur le coin de la gueule. Hord également, le dernier album est vraiment bien travaillé. Les Right To The Void, très impressionnants sur scène. Sur Montpellier tu as Antropofago, qui ne rigole pas du tout, Hellhounds et on a également un bout de Uneven Structure (un excellent groupe assimilé djent signé chez Basick) en la personne de leur chanteur. Et Mudweiser bien sûr, plus stoner que metal, qui détruisent tout sur scène.

Charles :  Il y a aussi Nephalokia (signé chez Klonoshpere également) qui envoie le chocolat bien comme il faut. Je pense que la scène metal du sud de la France n’a pas trop de soucis à se faire. Ça non !

Un dernier mot pour la fin ?

Erwan : Notre domaine de prédiléction, c'est la scène. On espère donc vous voir tous très vite lors des prochaines dates de WeaksaW. Si en plus vous vous ramenez avec du Jagermeister, vous feriez de nous de jeunes femmes comblées.
Charles : Ouais.

Etienne
Photos live par Anthony Dubois