C'était la claque du mois d'octobre dans ma platine : Drawers. La formation de sludge/stoner a le vent en poupe en ce moment, pour la sortie de son premier album "All is one". L'occasion rêvée de m'entretenir avec Niko, brailleur du groupe, aussi sympa et disponible que lucide sur le monde du metal et sûr des objectifs à accomplir avec sa formation.
Niko Bastide : chant.
Olivier Lolmède : batterie.
Jérémie Ruiz : basse.
Alexandre Berenguer : guitare.
Laurent Bringer : guitare.
Jérémie Ruiz : basse.
Alexandre Berenguer : guitare.
Laurent Bringer : guitare.
Salut, le style de Drawers est un mélange de différentes influences, du stoner au sludge en passant par du metal plus conventionnel. Comment s'est-il façonné ?
Niko : À la base, on écoute tous des choses très différentes et dès le début on a voulu mélanger toutes ces influences. On est partis de choses qu'on écoutait (Mastodon, Es la Guerilla et Hangman’s chair) en mêlant des touches de Hardcore et puis au fil du temps, on a voulu ajouter des touches plus mélodiques dans les arrangements. Le reste ce n’est que du compromis entre ce que veulent les uns et les autres.
Vous sortez bientôt votre premier album « All is one », comment sa composition et son enregistrement se sont-ils déroulés ?
Niko : Après avoir sorti l'EP, on a voulu passer à quelque chose de plus sérieux. On s'est donc mis à composer pour un album. On a écrit des morceaux volontairement plus sombres en essayant de faire en sorte qu'il y ait une certaine uniformité. Quand je suis arrivé dans le groupe, tous les morceaux de l'album étaient déjà quasi composés donc on a travaillé un moment en repet pour créer de toute part les parties de chant et trouver un grain et des placements qui nous plaisaient, avant de commencer l'écriture des textes. Pour l'enregistrement, ça s'est passé chez Laurent Bringer aussi guitariste du groupe, qui a une grosse expérience en termes de prise de son, mixage et mastering puisqu'il bosse avec beaucoup de groupes dans la région (Alea Jacta Est, 8Control, Through My Eyes, Nolentia, Fire At Will entre autres). On a bien pris notre temps parce que c'est un album fait par nous, et avant tout pour nous donc on a d'abord fait des préprod (enregistrement live sur un jour) pour pouvoir écouter les morceaux chez nous et repérer ce qu'il fallait changer. Ça a aussi bien aidé pour écrire les textes. Une fois qu'on a été prêts, on est passés au studio où les prises son ont été faites sur plus ou moins un mois. Les prises chant ont suivit mais ont pris plus de temps avec la fin de l'été, pépère. En gros, ça a pris quatre mois mais c'est bien chiadé comme on dit!
Y a-t-il un message particulier que vous voulez faire passer à travers les textes des chansons ?
Niko : On voulait un truc « Bad as fuck », on a suivit la piste et commencé à raconter une histoire de vengeance légitime inspirée par le « Silver Surfer » contre « Thanos » et à la fin ça raconte l'histoire d'un Marin qui veut traverser un Océan de Morts pour se rendre sur le continent de la Reine Morte et la tuer. Il va passer par des épreuves pour la retrouver et finalement la tuer, seulement il sera ensuite jugé par ses pairs pour ce qu'il a fait et sera condamné à mort. C'est seulement en mourant qu'il prend conscience que sa quête (qui était toute sa vie) n'était finalement pas importante et que nous ne sommes non seulement rien à l'échelle de l'Univers mais qu'en plus à ce niveau tout ne forme qu'un (y compris sa vie, celle de la Reine Noire, et celle des autres). Du coup, tous les morceaux de « All Is One » parlent des péripéties de cet Homme qui croit pouvoir accomplir l'impossible. L’histoire peut être comprise à beaucoup de niveaux, ce qu’on voulait c’est justement laisser à chacun son libre arbitre. Le but est de pouvoir s’identifier au héros et de faire le parallèle avec sa propre vie pour voir qu’on court tous après quelque chose de plus ou moins important mais qu’en définitive tout se termine sur cette note fataliste, sur ce triste constat à propos de ce qui nous entoure.
Que représente le titre « All is one » à vos yeux ?
Niko : Une grosse galère! On voulait trouver un truc qui a du sens et qui collait bien avec les textes. On a hésité pas mal de temps entre d'autres titres mais celui là est celui qui nous a semblé être celui qui synthétisait bien l'esprit et la signification des textes: Le fait qu'à une échelle supérieure, la vie et les péripéties du Héros dont l'histoire est comptée ne sont qu'une partie infime d'un tout plus grand. Toutes les existences et ce qu'elles contiennent de physique ou de psychique doivent être observées de manière macroscopique si on veut en capter l'essence.
Comment s'est faite la rencontre entre Drawers et Slow Burns Records ?
Niko : Par mail! Jozz le guitariste de Floodstain m'a donné le contact et nous a dit qu'il pouvaient être intéressés, ils l'étaient.
Trouver un label était-il important pour le développement du groupe ou était-ce juste pour limiter les frais de productions ?
Niko : De nos jour avoir un label (Metal)ne veut plus dire grand chose, avant c'était la garantie d'avoir une exposition des faire partie d'un truc, d'être « corporate » comme l'étaient les gros label de death genre Relapse ou pour faire plus général Roadrunner. Aujourd'hui n'importe qui peut être un label pour peu qu'il ait des fonds. Après c'est sûr que trouver un label qui te paye le pressage et fait de la bonne com n'est pas facile. Trouver un label était important pour avoir une meilleure visibilité et surtout une distribution. Slow Burn est une branche de Solitude Production qui est un assez gros label, ce qui peut nous permettre de lier des contacts avec d'autres groupes et d'élargir nos horizons !
On a demandé à ce qu'il nous envoient leur releases pour pouvoir les faire connaitre autour de nous et pourquoi pas les vendre sur nos stand lors des concerts, un peu comme un partenariat.
On assiste en ce moment sur internet à une mise en libre téléchargement d'une multitude d'albums par les groupes et les labels eux-mêmes. Êtes-vous sensibles à ce genre d'entreprise ? Comptez-vous le faire aussi ?
Niko : Dès que l'album sera en possession de quelques personnes il sera sur Mediafire, donc on l'y mettra nous même pour être sur d'avoir une bonne qualité. Sinon, nous sommes sensibles à ce genre de démarche dans la mesure où on ne fait pas partie des groupes qui gagnent leur vie en faisant de la musique. Quoi qu'il arrive on va faire une release digitale sur Deezer, Itunes &co (via Uselesspride) le prix de l'album sera correct pour du digital et le prix du morceau aussi, en fait on a choisit les prix plus bas qu'on nous proposait. J'aime aussi beaucoup l'idée d'enregistrer des morceaux hors albums et de les donner, ça permet de faire des choses différentes de ce que tu ferais sur un disque puisque tu n'es pas en recherche de cohésion.
J'ai l'impression que le stoner revient en force grâce au renouveau des gros groupes tels que Down ou Crowbar. Il y a cinq/six ans de cela, des groupes comme Kylesa ou Baroness n'étaient connus que des aficionados du style. Est-ce encore un effet de mode qui va passer (de type deathcore) ou y a t’il vraiment un renouveau du genre qui tend à perdurer ?
Niko : Ce courant musical existe depuis longtemps et dire si c’est un effet de mode ou un vrai genre est difficile. Il faut dire que le stoner de Down est complètement différent de celui qu'on pourrait coller à Baroness pour leur donner un étiquette. Ensuite quand une machine comme Relapse commence à s'intéresser à des groupes comme Mastodon (« Lifesblood » en 2001), ça ouvre un peu la voie pour les autres Kylesa, Torche, Rwake et bien d'autres. Beaucoup de groupes semblent tentés par le Stoner/Doom ces derniers temps, certaines choses sortent et sont très bonnes d'autres ne valent pas ce qu'on leur prête. On peut dire que beaucoup de groupes français qui font du stoner prennent le côté Jack Daniels/Drapeau Sudiste/Plaines de L'Ouest pour étendard et que notre volonté de nous décoller de cette caricature a été assez forte pour nous pousser à écrire des morceaux dont les structures racontent une histoire au même titre que les textes.
J'ai vu que l'asso toulousaine Noiser comprend des membres de Drawers. S'occupe t'elle du management du groupe ou est-ce un projet totalement à part ?
Niko : C'est un projet mené par Rk (un grand amis du groupe) et moi-même (sans oublier Céline et Lisa ) et même si Noiser a fait jouer plusieurs fois Drawers, c'est un projet indépendant du groupe qui est destiné à soutenir la scène locale. #Mode Chauvin ON# Sur Toulouse un grand nombre de personnes qui sont impliquées dans des projets musicaux sont aussi très impliquées dans la vie de la scène locale. Un grand dynamisme permet aussi de développer beaucoup de groupes et je crois pouvoir dire que tu connais toi même quelques groupes de notre belle ville qui défoncent pas mal ! #Mode Chauvin OFF# (dans le mille ! ndlr) Le management de Drawers est assuré par nous pour le moment, il ne faut pas mettre la charrue avant la beuh!!
Que peut-on souhaiter à Drawers après la sortie de « All is one »?
Niko : De sortir le split vinyle avec Hangman's Chair comme prévu, d'avoir de bons retours internationaux de l'album, de pouvoir jouer dans des endroits fous et de sortir un autre album prochainement. De rester soudés à travers les épreuves de la vie et de continuer longtemps à faire de la zique ensemble. Merci à toi pour nous avoir laissé nous exprimer sur Broken Balls, longue vie et succès à ton webzine!
Photos live par Gally.