Slogan & Hir*shima m*n am*ur "Incipit" (rock expérimental)

La France est en mal de rock depuis que les fers de lance des années 90 -Noir Désir et Louise Attaque- ne sont plus. J'avoue ne pas m'être intéressé à cette scène depuis bien des années car, même si ce n'est pas ma tasse de thé, j'ai toujours été curieux de comprendre l'engouement que suscite encore aujourd'hui ces groupes disparus. Heureuse surprise que je vis, donc, dans ma boite aux lettres que le split « Incipit » de Hir*shima m*n am*ur et Slogan, formations venant respectivement de Fumel (Lot-et-Garonne) et Castelfranc (Lot). Le problème qui se pose à présent est d'arriver à orienter le lecteur et futur auditeur vers ce qui définirait le plus les deux groupes en terme de style. Chose ardue car énormément d'influences se croisent et je ne pense pas que le fait de rester dans un carcan soit la volonté de Hir*shima m*n am*ur et Slogan ! On peut déjà affirmer que le rock à texte, comme cité plus haut, est un élément de base pour leur(s) musique(s). Se mêle à cela de l'electro, du post rock, de la noise, du slam et j'en passe, le tout savamment distillé afin de donner naissance à une musique personnelle et travaillée. Le split se partage en 6 chansons, soit trois chacun pour une durée totale de 35 minutes environ à raison de 5 minutes en moyenne par piste. C'est Slogan qui attaque les hostilités avec Kiss me, chanson oppressive et entêtante. Le violon est très présent et accentue le coté stressant du morceau construit comme une montée en intensité. À ceci suit Lena, plus calme et reposant que l'introduction mais on ressent quand même une certaine tristesse dans les mélodies et le chant. Dernière chanson de Slogan sur « Incipit », Tu es le paysage propose un slam doublé d'un rock entraînant sur les refrains et plus posé, type post rock sur les couplets. Le chant, maitrisé et travaillé tant sur les textes que sur la voix, est axé sur l'anglais même si on retrouve du français sur le dernier morceau. Hir*shima m*n am*ur attaque la seconde partie du split avec un rock aux accents electro un peu plus prononcé que Slogan et des textes très (trop ?) métaphoriques visant à sensibiliser l'auditeur sur des thèmes tel que l'individu, la représentation de soi ou encore la déconstruction de Derrida. Ainsi la constante du temps, A few drops et la statue qui désorganise s'enchaînent et emmènent l'auditeur vers des contrées sonores originales et introspectives. Les tempi alternent entre calme/reposant et rapide/entrainant. On se prend à écouter les textes et à revenir en arrière pour bien en comprendre le sens (si tant est qu'il en ait un). À la fin du split, ces deux groupes me rappellent un peu L'Enfance Rouge (Italie) ou encore le morceau En vivre libre de Psykup. Quoi qu'il en soit, « Incipit » fait vraiment plaisir à écouter parce que ça change, tout simplement, de ce que l'on a l'habitude d'entendre. Même si certains resteront distants par rapport aux textes difficilement accessibles, je tiens à féliciter ces deux groupes pour leur effort musical et spirituel.

Etienne