Un aussi bon concert punk rock avant 22h, c'est du jamais vu! Et si les suédois sont des couches-tôt, la qualité de leur soirée reste néanmoins incomparable face à la durée de vie des meubles Ikéa.
Twopointseight attaque la soirée. C'est le genre de groupe qui s'offre de sacrées premières parties depuis près de dix ans et dont l'apparence vestimentaire résume bien le style musical.
Le côté rétro (cheveux gominés, costume et chaussures vernies) se fait l'écho des parties rock'n roll swingantes du batteur au jeu bien rentre dedans et du guitariste chanteur à la voix grave et puissante (jusqu'à parfois ressembler à celle de notre Johnny national).
Le côté punk à clous des deux autres membres rappelle sans compter les riffs au son crade et les chorus de bûcherons à la Rancid.
En résumé, ce quatuor distille assez habillement ce que j'appellerais du punk'n roll à la Against Me. Si leur technique est somme toute assez basique, Twopointseight marque des points en assumant tout à fait son rôle de première partie.
Atlas Losing Grip, si ce nom me rappelait quelque chose de plaisant*, j'étais loin de m'imaginer l'agréable suprise qui frapperait mes oreilles: la voix authentique de Rodrigo, le chanteur de Satanic Surfer !
Fidèle à ce que l'on connait de lui, ses mélodies nous envoutent et ses jumps de démarrage de morceau suffisent à nous séduire.
S'il est à coup sûr le plus expérimenté du groupe, le reste de la formation n'en est pas moins époustouflant: deux gratteux et un bassiste à peine majeurs à la technique rapide et parfaite. Pour couronner le tout, un batteur sans concession : franchement excellent, il maîtrise des rythmes extrêmes et hardcore, et pratique les breaks par millier.
Les cinq Mélo-speedcoreux se la donnent et leur jeu de scène ne déçoit pas! Ajouter à ça des dialogues en français en transition qui parlent d'huile d'olive et de pastis et c'est vendu! Le public est totalement happé.
Satanic Surfers, comme si on y était.
Brèves balances par un roady polyvalent, et c'est No cigar qui met le feu aux poudres.
Rien de mieux pour entamer un set exclusif composé de morceaux vieux de 10 piges, ceux de l'album qui les a assis dans leur notoriété: Pennybridge Pioneers.
Cette tournée européenne ravive donc la nostalgie des pseudo-skate punkers que l'on a été (surtout sur Tony Hawk Pro Skater 2) avec des morceaux qui nous rappellent combien Millencolin fut précurseur de la vague de punk rock californien, peut-être simplement parce qu'ils viennent de Suède.
Et si j'avais déjà vu un de leur show, assez fade il est vrai, cette fois-ci, je n'ai pas été déçue!
Certainement par le contexte convivial de la salle et plaisant de revenir partager de vieux morceaux, j'ai retrouvé là des musiciens enjoués, un brin taquin et ma fois très complice.
La voix de Nicolas Sarcevic, le frontman chanteur bassiste, n'a pas pris une ride. Et s'il semble s'économiser le poignet et nous offrir quelques pains, il a ce charisme et cette authenticité avec le public où il ne triche pas... Jusqu'à se moquer ouvertement de moi lorsque je reluque ma montre ou chantonne les mauvaises paroles. (Flaguée!)
Les deux guitaristes se livreront des combats de grattes bien sympathiques avec un jeu scénique assez vivant, et viendront en permanence se frotter au public. Ce fumeur de Mathias Färm -deuxième guitariste- laissera se consumer sa cigarette sur l'ampli pendant qu'il testera la souplesse de sa guitare, jusqu'à la faire grattouiller par le public.
Millencolin quittera les planches une première fois pour signifier la fin de l'album Pennybridge Pioneers par un morceau guitare sèche The Ballad (c'est le moment ou jamais d'acheter un briquet Millencolin).
Ils partent une deuxième fois après quelques morceaux de chacun de leur album comme Story of my life, Man or Mouse, Farewell my hell. Le public, en record de sobriété à cette heure-ci, demandera le fameux Mr Clean et sera invité en récompense à chanter sur scène (en esquivant les agents de sécurité). Le concert aura même droit à des minis cercles-pit.
Et si le batteur se décoincera à peine à mi-set en nous offrant quelques unes de ses baguettes, Erik Ohlson, lui, troquera sa guitare pour s'adonner au chant dans Knowledge (Reprise incontournable d'Operation Yvi).
En bref, les vétérans du skatepunk n'ont pas chômé face au public de Montpellier. Véritable remède contre la déprime du dimanche soir, Millencolin, à l'aise et en grande forme, vous soigne aux petits oignons avec son marathon musical de 23 morceaux.
*GRIP (power rock since 2005) dont je fais partie (héhé)
Chloé
Photos : Raphaël Roques et Chloé